Et à l'école, comment ça se passait ?
Bien
je me préparais très sérieusement à ma communion solennelle et j'ai
appris qu'à cette occasion, nous pouvions demander trois grâces et que
nous étions certains qu'au moins une serait exaucée.
Je n'ai pas pris de chance, j'ai demandé :
1) d'apprendre à contrôler mes peurs.
2) de mieux les maîtriser
3) d'être plus épanouie en contrôlant mes émotions.
Je
vous ai déjà parlé de mes peurs, cette réalité inquiétante,
traumatisante qui me suivait à la trace. Je voulais l'apprivoiser, la
comprendre, la contrôler et la maîtriser. Je me sentais plus forte et je
me rendais compte que cette peur incontrôlée m'empêchait de rire de bon
cœur, enfin, d'être mieux dans ma peau.
La peur est une émotion qui fait partie de notre vie;
elle peut prendre différents visages et nous la rencontrons partout.
Une
peur normale est bonne en un sens car elle nous aide à nous protéger
des dangers réels. Par exemple, si je n'avais pas assez étudié au cours du mois,
j'aurais raison d'avoir peur d'échouer mes examens, cette peur
étant
justifiée et contrôlable.
Elle nous force de plus à agir, mais quand elle n'est pas contrôlée, elle nous empêche de faire bien des choses.
Ma
mère aussi avait peur des orages électriques et quand ils arrivaient,
nous étions toutes les deux comme des hystériques dans la maison.
Franchement, nous avions peur d'avoir peur.
Hé
bien, j'ai été exaucée à 99 %. Je ne sais pas si c'est la confiance,
mais à partir de ce jour je pouvais me promener dans le noir, je n'avais
plus peur des orages électriques, j'allais n'importe où et je fonçais.
Avant
de paniquer, je me posais des questions sur les dangers réels et après
examen je me rendais compte, la majorité du temps, que je n'avais pas à
m'en faire autant. Vous savez la petite prière de la sérénité, hé bien
je l'appliquais et ça marchait.
Il n'y a que la crainte exagérée de mon père qui ne s'était pas effacée.
Est-ce que tu commençais à regarder "les petits gars ", comme tu dis ? Parle-nous-en, ça nous intéresse.
Vous
dire que je ne les regardais pas, serait mentir. Comme je vous ai déjà
dit, chaque fois que je sortais, j'étais certaine de voir arriver, pas
loin derrière, mon Jean. Comme il demeurait à une croisée de chemins et
que je devais nécessairement passer devant chez lui pour me rendre
n'importe où dans le village, il me détectait.
Je pense qu'il devait avoir un radar comme celui que les
policiers utilisent pour arrêter les automobilistes qui font de la
vitesse sur les routes. En tous les cas, il avait du flair.
Comme
il avait eu la douleur de perdre son père à l'âge de treize ans, vers
sa quinzième année, il avait dû abandonner l'école pour gagner sa vie et
aider sa mère. De plus il n'était pas tellement intéressé aux études.
Bien entendu, si son père avait vécu, cela aurait été très différent.
Il
était prévu qu'il ferait des hautes études comme ses sœurs. La plus
âgée était religieuse, la deuxième professeur, la troisième travaillait
déjà dans un hôpital, la quatrième était encore aux études pour devenir
professeur. Elle est devenue une religieuse enseignante finalement. Il
avait de plus un frère de trois ans plus jeune. Celui-ci avait été élevé
en grande partie par les sœurs célibataires de son père.
À
l'époque avoir un religieux ou une religieuse dans sa famille était ce
que beaucoup de parents désiraient le plus. C'était très prestigieux et
de plus on pensait que de ce fait, ils seraient sauvés. On parlait
beaucoup du ciel et de l'enfer à ce moment-là.
Au
point de vue monétaire, c'était difficile pour une famille quand un des
parents décédait. Aujourd'hui, il y a de la sécurité pour les veuves,
mais il n'y en avait pas à cette époque.
De quelle façon ta via a-t-elle changé?
Bien, comme j'avais toujours été seule avec mes parents je me sentais mise à l'écart.
Mes parents désiraient tellement avoir un garçon
depuis longtemps qu'ils ne juraient que par mon frère et je trouvais
cela difficile. Ils étaient pratiquement en adoration devant ses
moindres gestes. Je les comprends aujourd'hui, on a qu'à mettre un
enfant dans une pièce pour que tous les regards se dirigent vers lui.
J'avais
vraiment pris mon petit frère en affection et j'essayais parfois
de lui apprendre des choses mais c'était tout de suite mal interprété
par mes parents.
Si j'avais le malheur de le reprendre devant eux,
comme toutes bonnes grandes sœurs le feraient, à l'occasion, c'est moi
qui avais les reproches.
Ils
ne le reprenaient jamais car ils craignaient qu'il ne les aime plus,
comme si le fait de le reprendre serait mal perçu par lui. Au contraire,
c'est le rôle des parents de bien éduquer leur enfant et le reprendre à
l'occasion. Heureusement que mon frère était un bon enfant même s'il
était pas mal dissipé comme tous les enfants en bonne santé et heureux.
Je me suis mis dans la tête que mes parents ne m'aimaient plus et ils ne faisaient rien pour que je pense autrement.
J'étais
très malheureuse et déçue qu'ils ne puissent nous aimer tous les deux
en même temps. Il y avait aussi beaucoup de comparaisons qui n'étaient
jamais à mon avantage naturellement.
Peut-être que je n'avais pas raison de penser cela mais,
moi, c'est comme cela que je vivais ça. Quand on est adolescent
on est en période de
transformation et certains sont plus affectés que d'autres.
J'étais
en plein dans cette période. Je manquais d'affection, j'étais émotive,
sentimentale. J'avais toujours été le nombril du monde et soudain, sans
avertissement, du jour au lendemain, je me sentais pratiquement mise au
rancart.
J'avais
toujours cherché à faire plaisir à mes parents et pour moi, ils me
laissaient tomber. Je vivais cela comme du rejet et comme je vous l'ai
dit, j'étais très malheureuse.
Probablement
que ce n'était pas aussi dramatique et que j'amplifiais les choses, car
même s'ils n'étaient pas très affectueux, ils n'auraient pas souhaité
que je sois aussi malheureuse.
Comme
j'avais un problème d'ordre affectif, je me suis repliée sur moi-même.
Je passais la majorité du temps dans ma chambre lorsque j'étais à la
maison. Je pleurais beaucoup en silence. Plus je me refermais, plus je
broyais du noir et plus je m'apitoyais sur mon sort et plus j'étais mal
dans ma peau.
Pouvais-tu te confier à un travailleur social ou à un psychologue à l'école?
Non,
rien de tel n'existait pour nous, cela m'aurait certainement aidée
d'avoir des conseils d'experts mais… il n'y avait aucune aide possible de
ce coté.
Vous, vous
avez l'opportunité de parler de vos préoccupations, profitez-en.
Ne soyez pas gênés de consulter, ne restez pas avec des
interrogations qui vous font du mal. Juste le fait de parler des
choses qui vous préoccupent avec quelqu'un de compétent qui vous
écoute et probablement vous fait voir un autre point de vue, vous aidera à vous
en sortir plus facilement.
Quand on a
un problème, plus on le retourne dans sa tête, plus il devient
gros et nous empêche de voir les solutions. C'est comme faire rouler une
balle de neige dans une neige mouillée. Plus on la tourne plus elle
devient énorme et bientôt, elle nous dépasse. Il y a un dicton qui dit "
Tout ce que tu partages devient moins lourd", physiquement et
moralement aussi, c'est vrai.
Je
crois que j'ai été chanceuse d'avoir de bons amis, Jean et son copain,
ils ont été tous les deux très respectueux de ma souffrance qu'ils ne
connaissaient pas parfaitement mais qu'ils imaginaient. Ils n'ont jamais
profité de la situation en aucun sens.
Il
y avait aussi la dame qui était notre voisine à notre arrivée aux Pins
Rouges. Elle avait déménagé dans notre ancien loyer. Elle avait été
élevée à la ville et était plus ouverte que la majorité des femmes du
temps. Elle me faisait penser à ma tante Alma.
Elle
désapprouvait la façon d'agir de mes parents à plusieurs égards. Elle
les trouvait injustes envers moi. Elle a été ma confidente et malgré la
différence d'âge, ma plus grande amie. Sans son support, je ne sais pas
où je serais aujourd'hui car j'ai souvent pensé au suicide comme seule
porte de sortie.
Il
y avait aussi ma tante Irène qui m' a beaucoup aidée, elle me
comprenait mais elle demeurait alors à Montréal et je n'avais pas
la chance de la voir souvent.
Tu étais peut être jalouse?
Mes
parents me le disaient à la moindre occasion mais je ne penserais pas
car si cela avait été le cas, il me semble je n'aurais pas eu autant
soin de mon petit frère que j'aimais beaucoup et que je gardais souvent
aussi. Il me semble que je lui en aurais voulu et pourtant, jamais je
n'ai eu ce sentiment pour mon petit frère. Je me sentais plutôt rejetée,
et ça j'avoue que ça me donnait pas mal de difficultés.
Une question qui n'a peut- être rien à voir… Est- ce que tu faisais du sport?
Malheureusement,
il n'y avait pas de gymnase ou d'endroits déterminés pour occuper nos
loisirs. La majorité du temps, les adolescents délaissaient l'école
assez tôt et il n'apparaissait pas nécessaire de faire du sport.
Les
seules activités ont été le patinage durant l'hiver, et le tennis durant l'été. La municipalité avait enfin aidé les jeunes à acheter des
matériaux afin de faire une patinoire en face de l'école, ainsi que des
courts de tennis pour l'été.
Tous les travaux étaient exécutés par des jeunes de bonne volonté.
Naturellement
mes deux amis faisaient leur très grande part. Pour que la glace soit
belle, ceux qui aidaient, devaient passer une partie de la nuit à
arroser la patinoire. Il y avait une petite cabane avec un petit poêle
comme nous en retrouvions dans les chantiers, pour nous permettre de
mettre et d'enlever nos patins et nous réchauffer un peu.
Habituellement,
des choses qui sont faites bénévolement, nécessitent beaucoup de
motivation de la part de chacun et souvent il n'y a pas grand monde qui
se donne la peine d'aider. Très souvent, seule une petite poignée
d'individus, par leur engagement, soutiennent le mouvement pour bien
souvent être critiqués par ceux qui ne font rien.
Vers
18 heures 30, les lumières étaient allumées et on faisait jouer des
valses de Strauss. Cela permettait aux couples de se "coller " un peu et
de patiner au son de la musique.
Comme je devais être entrée à la maison à dix-neuf heures, sauf exception, je n'avais pas grand temps
pour en profiter.
Les
garçons avaient alors formé des clubs de hockey et nous assistions, les
après-midis de fin de semaine, debout près de la bande, dehors dans le
froid, les pieds gelés comme des glaçons, aux parties de ces garçons. Et
ce, même à des froids de 25 ou 30 degrés sous zéro.
Nous
encouragions de nos cris et de nos commentaires les bons coups des
participants. C'était difficile d'être partisans pour un côté plus que
l'autre, nous avions toujours des amis dans chaque camp. Certains en
profitaient d'ailleurs pour régler quelques petits différents.
Avez-vous remarqué comme nous sommes tenaces quand des événements ou des
personnes nous intéressent ? Il n'y avait pas de froid ni de conditions
ou de circonstances difficiles, pour nous empêcher d'assister ou de
collaborer.
L'été,
il y avait les parties de tennis. Tous les jeunes se ramassaient là,
soit pour jouer ou regarder. C'était aussi l'endroit pour se donner
rendez-vous. Le maximum de joueurs était de 8 car il y avait deux
courts. Ainsi, il y avait presque toujours des remplaçants : ça mettait du
piquant. Bientôt, on était pratiquement tous des experts et on
jouait dur.
Comme
ces deux activités se tenaient au dehors, nous étions toujours limités
par les tempêtes, le mauvais temps et la pluie. Les saisons où nous
pouvions profiter de nos sports étaient courtes, trop courtes.
Je crois
que celui qui a la chance de faire du sport peut apprendre
beaucoup sur le comportement humain. En plus de l'aider
physiquement à se développer, le sport contribue à former son caractère.
Un
sport d'équipe demande du doigté, du civisme et une maîtrise de ses
comportements. Il apprend aussi à gagner aussi bien qu'à perdre avec
élégance. Il nous permet de dépasser certaines frustrations face à
l'échec.
…………………………
A ce stade de mes récits que j'envoyais régulièrement à mes petits amis français, nous étions rendus à la mi-mars.
Ils m'entretenaient de plus en plus souvent des
préparatifs qu'ils planifiaient pour les cérémonies du 10e
anniversaire de leur collège qui devaient se dérouler en juin.
J'étais toujours aussi occupée avec la nombreuse correspondance
qui entrait régulièrement. Je les consultais en demandant à mes
amis si mes récits
les intéressaient toujours, car j'estimais que peut-être ils en avaient
assez mais là, ils me disaient toujours de continuer. Je pris donc la
décision de continuer jusqu'à mon mariage et ça semblait leur plaire que
je me rende jusque-là.
Mais de plus en plus, une idée germait dans ma tête et faisait son petit bonhomme de chemin !
………………………….
Allais-tu parfois en vacances à Normandin ?
Oui, tous les ans nous allions nous y promener avec plaisir voir la
famille de ma mère. Nous allions un peu moins à Maisonnette, ma
grand-mère était décédée et le voyage n'avait plus le même attrait.

Ici , nous avions fait le voyage pour aller présenter mon petit
frère. Sur cette photo prise en 1949, il y a jusqu'à cinq générations.
Stan à coté de Louis Marie tous deux assis sur le bras de la galerie.
Stan est devant mon père près de la colonne et ma mère à coté de lui.
Mon grand-père en avant, moi un peu en arrière à coté de ma
grand-mère. Plusieurs frères , soeurs, et parenté de ma mère
complètent le tableau.
Que faisais-tu lorsque tu allais à Normandin, on sent que tu vas nous dévoiler des choses?
Ah
oui, vous avez raison. Je ne vous ai pas encore parlé de ma cousine
Annette, du Rang Nord, à quelques kilomètres de Normandin,
Elle
était plus âgée que moi de six ou sept ans, elle était la seule fille
de la famille, elle avait plusieurs frères un peu plus âgés qu'elle.
Elle n'avait aucune malice et était toujours d'accord, elle a été une
personne marquante dans ma jeunesse et je lui en suis reconnaissante.
C'était une famille de cultivateur. Sa mère était la
sœur de ma mère et sa marraine. Elle devait avoir vingt ans de plus que
ma mère et était souvent malade.
A
cinquante ans, elle avait l'air d'une vieille femme, elle était très
douce et ne parlait pas fort, elle avait un coeur d'or et je l'aimais
beaucoup.
Pourquoi aimais-tu cet endroit ? Qu'est ce qui se passait ?
J'aimais
cela car Annette était encore célibataire. J'avais entre quatorze et
dix-sept ans et comme la parenté était grande, mes parents me perdaient
un petit peu de vue et j'en profitais au maximum. J'étais en vacances
pour quelques jours et j'essayais de passer le plus de temps chez ma
cousine.
Elle
était au courant de toutes les soirées des alentours. Sur sept soirs
nous pouvions sortir quatre soirs. Nous nous levions très tard et
personne ne nous faisait de reproche. Quel changement, c'était des
vacances! Quand les soirées étaient tranquilles, j'en profitais pour
aller voir les autres parents.
Moi qui aimais danser et qui n'en avais jamais l'occasion, je m'en donnais à cœur joie.
Avant
de partir pour la veillée qui ne commençait jamais avant 21 heures, ma
cousine se maquillait beaucoup. Elle en mettait autant sur ma figure
pour me vieillir un peu. J'avais l'air de passer pour l'halloween tant
j'étais maquillée. J'avais du plaisir, je lâchais mon fou.
J'étais
à peu près de sa grandeur et elle me prêtait des robes bien trop
vieilles pour moi. J'avais l'impression de ne pas être réelle, tant
cette façon de faire était différente de ma vie tranquille de tous les
jours.
Il
y avait une coutume au Lac- St- Jean : lors de la célébration des
mariages, vu que les familles étaient très grandes et qu'il y en avait
beaucoup, seuls les parents proches étaient invités pour le repas, mais
le soir ,c'était la fête pour tous ceux qui voulaient s'y rendre.
Les
gens payaient leurs consommations et les salles immenses étaient
toujours bondées. Une liqueur coûtait moins cher que la taxe
d'aujourd'hui. Pour quelques sous, nous pouvions nous désaltérer. Une
consommation de bière ou d'alcool pouvait coûter 40 ou 50 sous. Moi je
ne dépensais pas beaucoup car je ne prenais jamais d'alcool.
Il
y avait toujours un orchestre du tonnerre. Les musiciens étaient des
gens de la place . Ils avaient apprise à jouer à l'oreille , pour la
majorité, sans jamais avoir pris de cours. Ils avaient commencé jeune à
écouter et regarder les grands et, à force de pratiquer, ils étaient
devenus des pros au fils des ans.
On
jouait du violon, de la guitare, de la musique à bouche et de
l'accordéon, sans fausse note et sur des airs les plus entraînants les
uns des autres.
Il
faut avoir entendu les " réels ", pièces de musique du Lac- St- Jean
pour savoir de quoi je parle, c'est tellement entraînant que même si on
n'a jamais dansé, hé bien on se laisse entraîner.
Les danses du temps étaient plutôt des danses carrées, et des Pôl Jones.
Une
danse carrée est dirigée par un meneur qu'on appelait un ''caller''. Ce
sont plusieur couples par groupes de huit qui se font aller en
''swingant la bacaisse'' dans le fond de la boite à bois....rire.
Je suis pas mal certaine, que vous petits français, ne comprenez pas un
traitre mot de ce que je vous explique...rire...mais sachez qu'ils n'y a
rien de mieux pour oublier nos soucis et se réchauffer.
Un
Pol Jones, c'est une danse qui permet d'avoir beaucoup de danseurs en
même temps, qu'on soit accompagné ou non on se présente sur le plancher
de danse.
Les
hommes font un cercle en tournant d'un côté de la salle et les femmes
dans le milieu vont dans l'autre sens au son d'une musique entraînante.
Tout à coup, le rythme change et c'est alors un slow. La personne qui se
présente devant toi est celle avec qui tu danseras cette valse, et
ainsi de suite.
Je
trouvais par contre que les hommes surtout, buvaient beaucoup. Les
caisses de bière se retrouvaient sous les bancs et la majorité, même les
jeunes, buvaient. Quand je voyais qu'il y en avait qui semblaient être
trop réchauffés, je demandais à ma cousine de nous faire reconduire à la
maison. Comme il y avait toujours une couple de ses frères qui étaient
présents, nous ne courrions aucun risque.
Depuis
mon tout jeune âge je n'avais que très peu de tolérance envers les gens
qui se déplaçaient à cause de la boisson. Au contact de ceux-ci toute
ma bonne humeur disparaissait.
Il
me semble, qu'à cette époque il y avait moins de danger qu'aujourd'hui
et nous étions pas mal en sécurité partout. Nous pouvions passer des
soirées avec des étrangers sans être importunés. Il y avait plus de
respect de la personne.
Nous avions à peu près tous la même éducation avec des principes assez stricts et la crainte du péché en modérait plus d'un.
Le fait qu'il n'y ait pas de drogue éliminait aussi beaucoup de comportements agressifs j'imagine.
Je
n'ai jamais entendu parler qu'une jeune fille se soit fait agressée ou
violentée. L'agresseur aurait vite été pris à parti j'imagine.
Aujourd'hui personne n'ose se porter à la défense de personne. Il a trop
peur d'être agressé à son tour.
Bien sûr, je ne connais pas tout, j'étais bien innocente des dangers qui pouvaient survenir, j'avais confiance.
Il
me semble, qu'en général, il y avait beaucoup moins de violence
qu'aujourd'hui chez les adolescents et les jeunes adultes. Que ce soit
dans les rues, dans les lieux publics ou dans les écoles, nous ne
connaissions pas le genre d'intimidation que nous retrouvons
malheureusement de nos jours. Le respect de l'autorité faisait aussi
partie de notre mentalité.
Est-ce que tes parents savaient que tu allais danser ?
Quand
ils l'apprenaient, c'était trop tard. Les vacances finissaient et
j'étais revenue avec tous mes morceaux et je ne regrettais rien.
Ils me faisaient bien sûr des remontrances et me
disaient que ça ne se reproduirait plus. Je ne disais rien, je m'étais
bien amusée et j'espérais que l'année suivante, ils ne s'en
souviendraient plus.
Je
me rappelle aujourd'hui toutes ces expériences que j'ai faite au
contacte de ma parenté. On ne réalise pas toujours la chance qu'on a
d'avoir une famille nombreuse et comment tout ce que cela apporte comme
enseignements.
J'avais
aussi d'autres oncles , tantes , cousins et cousines dont je n'ai pas
parlé, ils étaient aussi très importants pour moi mais comme ils
demeuraient à proximité, . On dirait qu'on prend comme acquis qu'ils
sont là pour nous , qu'ils font parti de notre vie de tous les jours
mais je leur dois aussi beaucoup pour la tendresse qu'ils m'ont
apportée.
Ils
y a un dicton qui dit; '' Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait
'' comme il y aurait des choses qui se vivraient différemment.
Il ne faut cependant pas regretter ce qui a été fait car c'est
l'expérience de la vie qui se fait tout doucement et c'est la somme de
toutes nos expériences, bonnes ou moins bonnes qui fait de nous ce que
nous sommes.