Chapitre 23

Retour à la maison

Je trouvai mon mari changé, il était pâle et amaigri, je savais que cela avait été difficile pour lui cette séparation et je me promis de ne plus partir sans lui.


Il était nerveux, et après s'être assuré que tout était bien pour moi, il me parla de Scott, il me disait que notre petit chien était malade et qu'il semblait en dépression. Il passait son temps à réveiller Jean plusieurs fois par nuit, rongeait les cadres de portes et ne voulait plus rien savoir de personne.


Lors de notre arrivée, il ne fit pas grand cas de notre présence, je voyais qu'il n'était pas en forme, son comportement avait changé et il avait une grosse masse à l'estomac. ce qui 'était inhabituel.


Comme il faisait très chaud, nous nous sommes assis dans notre balancelle, Jean et moi, et Scoot est venu nous retrouver. Il se collait de tout son corps sur moi et même s'il n'était pas confortable, il est resté là longtemps à se faire caresser. Il me regardait de ses grands yeux tristes et j'espérais que sa santé se rétablirait avec mon arrivée.


Je n'aurais jamais pensé que mon départ l'affecterait autant, car il s'occupait beaucoup plus de Jean que de moi en temps normal, mais selon les dires de Jean, ils s'étaient tous les deux beaucoup ennuyés.


Dans la nuit, il y a eu une grosse orage électrique et Scoot a demandé la porte pour aller dehors; c'était surprenant car il a toujours eu peur du tonnerre.
Il est allé se coucher sur le gazon dans la cour et même si nous le rappelions, il ne semblait pas nous entendre, il semblait perdu, et restait là hébété. Il a fallu aller le chercher et l'envelopper dans une couverture, car il tremblait comme une feuille; j'ai voulu le coucher avec moi, mais il se débattait et cela a pris longtemps avant qu'il ne se calme.


Dès la première heure le lendemain nous le faisions examiner par son vétérinaire, elle nous confirma ce que nous redoutions, qu'il était en profonde dépression et après examen, qu'il souffrait aussi d'une grave maladie. Pour plus de précisions, elle devrait lui faire passer plusieurs tests. Elle nous donna des antidépresseurs et nous dit que probablement nous serions obligés de lui en faire prendre longtemps, car a son âge (10 ans), c'était difficile de revenir comme avant vu son état.


Nous l'avons gardé comme cela jusqu'au lundi et pendant ce temps, il nous en a fait voir de toutes les couleurs; il passait surtout son temps a réveiller Jean et rongeait tout ce qui était à sa portée. C'était tellement contraire à son habitude de faire cela, jamais il ne nous avait fait le moindre dégât.

Quand nous nous sommes rendus chez un autre vétérinaire et qu'il nous a dit sensiblement la même chose, nous avons dû nous rendre à l'évidence et le faire euthanasier.

Je crois que si on aime vraiment notre animal, il ne faut pas le laisser souffrir inutilement. Je voyais dans ses yeux qu'il était malheureux et ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C'est bien difficilement que nous avons dû prendre cette décision car dans les circonstances, c'était la meilleure chose à faire.

Nous sommes demeurés Jean et moi avec lui, il était dans nos bras et nous pleurions à chaudes larmes tous les deux. Nous le remercions pour tout ce qu'il nous avait apporté.
Scoot n'était pas seulement notre animal de compagnie, il était aussi notre meilleur ami, moi surtout, je lui devais beaucoup. Il avait été mon confident de tous les instants quand j'étais si malade et déprimée et que je ne voulais même plus vivre. Je crois que sans lui, je n'aurais pas été capable de passer au travers. Il avait apporté la vie et la joie dans la maison pendant des années.

Les personnes qui n'aiment pas tellement les animaux et qui n'en ont jamais eu ne peuvent pas comprendre l'attachement qu'on peut avoir pour ces animaux de compagnie.


Nous avions alors tous les deux, Jean et moi, à faire notre deuil et cela était extrêmement difficile. Je crois que si j'avais su qu'en renonçant à mon fantastique voyage je lui aurait sauvé la vie, j'en aurait fait le sacrifice, mais on ne peut revenir en arrière, il faut accepter ce qui arrive tout simplement.


Naturellement toute la joie que j'avais de mon voyage était mise sur la glace et il fallait vivre ma peine.

Naturellement, ma voisine de l'avion m'avait donné sa grippe et je suis tombée malade pour deux bonnes semaines. Nous avons passé cinq semaines avec à peu près la même figure d'enterrement et nous ne pouvions même pas aller au chalet malgré la chaleur. Jean aime tellement y aller, mais lorsque nous y arrivions, nous nous sentions encore plus seuls.

 

Après le décès de Scoot,  Jean a dit qu'il n'aurait plus jamais de chien, non plus jamais...
Quand j'ai vu que nous avions autant de difficultés à nous remettre de cette perte, tout doucement j'ai commencé à parler d'aller chercher un autre petit chien. Je lui disais qu'on ne pouvait remplacer une personne,  mais un petit animal pouvait nous apporter beaucoup encore.

Parfois Jean était d'accord, mais quand le moment arrivait, il ne voulait plus. Quand nous passions devant des animaleries, nous passions un temps fou devant la vitrine à les regarder.
J'en avais vu un au centre tout près de chez nous et tous les jours j'allais le voir, il était tellement beau je revenais en pleurant chaque fois, j'en parlais mais Jean n'était pas prêt.

Le 30 juillet, c'était notre anniversaire de mariage et Jean m'a dit, ok on va aller le voir. En arrivant, je vis que la cage était vide et le magasin n'était pas encore ouvert. Je cognai dans la vitre jusqu'à ce qu'on m'ouvre et là on m'apprit qu'il avait été vendu la veille. J'étais tellement déçue que nous retournâmes à la maison. Je fis des reproches à Jean en lui disant qu'il avait  trop attendu.Lui aussi était déçu mais encore là, on n'y pouvait rien, je me consolai en me disant que ce n'était probablement pas l'animal dont j'avais besoin.


Jean allait toujours voir sa tante qu'il visitait plusieurs fois par semaine. Alors il avait eu affaire aux Galeries d'Anjou pour acheter du chocolat pour elle, et en passant il s'était arrêté devant l'animalerie.

Arrivé à la maison il me raconta qu'il avait vu le plus beau petit chiot qui s'était avancé devant lui et le regardait sans arrêt, et qu'il était tombé en amour avec. Il n'en fallait pas plus pour que le lendemain, à l'ouverture du magasin, je sois là pour voir cette merveille.


Vous comprendrez qu'il aurait fallu qu'il soit très très laid pour que je ne le trouve pas à mon goût. J'ai mis une option dessus pour deux heures et je me suis précipitée au centre d'accueil où je savais que je rejoindrais Jean et ma tante. Je lui parlai de ce que je venais de faire mais il me dit que nous devions partir le lendemain.

En effet, comme chaque année nous partions quelques jours pour notre anniversaire de mariage, et là nous avions décidé d'aller à Québec; en principe nous partirions le mardi pour revenir le vendredi soir.


Je lui dis que je réglerais cela facilement car j'avais tout prévu et demandé qu'on garde mon petit chien jusqu'au vendredi soir.


Comme prévu, nous sommes partis mais tout le temps nous avions hâte de revenir. Rendus à Québec nous préparions la venue de notre nouvel ami. Achat de tout ce qui était nécessaire pour nous faciliter la vie. Je voulais que nous continuions de le faire coucher dans une cage, vu qu'il y était habitué et que ça éviterait tous les désagréments qu'occasionne habituellement la venue d'un jeune chiot, de plus; ça nous permettait de sortir en toute tranquillité

Il y avait aussi un amour de petit sac comme celui qu'on utilise pour les bébés et qui nous permettrait de le sortir en toute sécurité, nous étions comme des enfants…mais toujours nous avions le souvenir de Scoot dans notre coeur et nous savions que nous ne l'oublierions jamais.
Le mercredi nous n'en pouvions plus et nous sommes revenus.
C'est comme cela que Marquis est entré dans notre vie.


Marquis 111, six mois à coté du petit Marquis 11 que les élèves du collège m'avait envoyé pour mon anniversaire de naissance, ils sont pratiquement de la même grosseur.

Conclusion.

Ceci termine le récit d'une année très enrichissante de mon existence. J'ai aimé la partager avec vous pour différentes raisons.

Probablement pour avoir la joie de revivre chaque étape de ce rêve qui était venu à terme grâce à un enchaînement de circonstances et à l'amabilité de gens de coeur. C'est aussi un peu ma façon de rendre un hommage aux personnes qui ont été toujours là pour moi.

Pour faire aussi ressortir que si je m'étais fiée aux recommandations de tous et chacun, rien de ceci me serait arrivé et je n'aurais pas été au bout de mon rêve, je serais restée sur ma peur d'avoir peur.

Souvent on entend raconter des histoires d'horreur qui se déroulent à la suite de contacts sur Internet. Par tous les enchaînement suscités par ma réponse à un e-mail, j'ai vécu quelque chose de très enrichissant à tous points de vue car j'étais bien loin de me douter que cela aurait autant d'impacts sur ma vie. Ça apporte, il me semble, un autre son de cloche positif.

Je trouve très sécurisant de voir qu'en l'an 2000, on puisse encore se fier à la parole donnée et qu'on puisse faire confiance réciproquement aux gens qu'on a déjà eu une chance de  connaître de l'intérieur.

Vous voulez sans doute savoir si la communication avec les élèves continue toujours? Hé bien, non. En septembre 1999, j'ai envoyé toutes les photos prises aux cours de nos rencontres ainsi que quelques e-mails au collège. Ils sont tous demeurés sans réponse.

Après plusieurs essais, j'ai su par Denis que la direction du collège avait décidé de ne pas renouveler l'expérience d'Internet. Le personnel avait changé et de nouveaux défis avaient été choisis.

La principale raison d'abandon, est que cet échange sur Internet avait soulevé bien des attentes  de la part des élèves, et que ces attentes étaient irréalisables. Aucun élève n'avait à sa disposition un ordinateur branché, et à l'école, les quelques ordinateurs ne suffisaient pas à la tâche.

Bien que j'aie trouvé dommage que cet échange ne continue pas, je n'ai pas à discuter de la décision du collège. J'ose croire que les nombreux élèves qui ont vécu en même temps que moi cette aventure extraordinaire en gardent un bon souvenir.

On dirait que toute cette mise en scène a été là pour moi, pour me faire oublier les dix années précédentes et me réconcilier avec la vie et tout ce qu'elle peut nous apporter de beau si on se donne la peine d'y croire.

Reconnaissance à Denis, Pascal, Marie-Françoise, Claude, Marie-Françoise de Jérusalem, Roger, Madeleine, Mme Crevel, Lysiane, Serge, Michel, Anne, Mr Thesmar, Miche, Jo, Étienne, et vous tous mes chers petits écoliers.

Gratitude à vous, chers lecteurs et lectrices qui m'avez, tout au long de ces quelques semaines, été fidèles et m'avez suivie dans cette aventure hors du commun. Vous m'avez envoyé de nombreux messages d'encouragement, et grâce à vous, j'ai revécu cette belle histoire d'amour pas comme les autres.

Cette chance unique s'était présentée à moi à 62 ans, il n'en tenait qu'à moi de la saisir.

 

** Si vous désirez savoir comment j'ai employé mon temps par la suite, il vous suffit de vous rendre sur mon site La Petite Place des Arts pour voir mon cheminement

@micalement Wilda

Mon petit Marquis 111 à 2 ans demi.

Dernières nouvelles

Précédent