En revenant à la maison, Marie Françoise et moi étions très contentes de notre journée. Nous nous fîmes alors des confidences. Nous étions comme deux âmes soeurs qui se comprennent à demi mot.
Cela ne l'empêcha nullement de me faire goûter, au repas du soir, à une spécialité basque : une Piperade avec du jambon de Bayonne. Sa famille paternelle étant d'origine du Pays de Basque elle m'avoua qu'elle aimait bien faire goûter les spécialités du terroir quand elle avait des invités de marque (;-))
J'étais tellement heureuse. Je me sentais en paix. La seule ombre au tableau était quand je pensais à Jean qui était resté seul. Je savais que pour lui ce n'était pas facile. J'avais toujours le cur rempli d'amour pour lui. je savais que si je n'avais pas eu son assentiment pour faire ce voyage, je n'aurais pas pu profiter autant de la chance qui s'offrait à moi.
Heureusement, je pouvais communiquer avec lui tous les jours sur Internet. Lui, qui n'avait jamais voulu apprendre à travailler sur cette petite machine, m'écrivait une phrase ou deux.
Pour lui faciliter la tâche, j'avais noté par écrit les principales touches pour lire et envoyer un message. En répondant à l'expéditeur il n'avait pas a se préoccuper des adresses et je pouvais toujours recevoir ses messages
Je pouvais savoir qu'il travaillait très fort dans la cuisine à refaire tout le plancher. Je savais qu'il faisait très, très chaud depuis plusieurs jours. Je savais aussi que mon petit chien Scoot était malade et qu'il empêchait Jean de dormir en le réveillant plusieurs fois par nuit.
Je connaissais tellement bien Jean que je pouvais savoir qu'il trouvait le temps long .
De mon coté je lui faisais le récit de tout ce qui m'arrivait. Ça le rassurait beaucoup et il était content pour moi. Quand on y pense, c'est vraiment merveilleux d'avoir pu ainsi communiquer en tout temps avec les nôtres, où que l'on soit et pour autant que l'on dispose d'un ordinateur branché.
Mercredi, 16 juin
Nous nous préparons, Marie Françoise et moi à rencontrer notre correspondante commune de Jérusalem qui venait nous rejoindre pour dîner à Nantes. La température est très belle et nous allons en voiture jeter un regard furtif sur la ville avant notre rendez-vous.

Au cours de cette promenade nous passons devant des édifices anciens témoins du passé historique de la ville : le château des Ducs de Bretagne XVè et XVIème siècle, la Cathédrale XVème, l'Ile Feydeau qui exhibe une admirable série d'hôtels décorés de ferronneries et de mascarons truculents. Ils ont la particularité d'être un peu penchés. Ce qui rappelle le temps où Nantes, construite sur les îles de la Loire était appelée " la Venise de l'Ouest" C'est très beau .
Enfin nous arrivons au bout du quai de la Fosse. Le quai bordant la Loire escalade une sorte de promontoire dominant le fleuve. Tout en haut de cette colline domine une grande statue de Sainte Anne, patronne des marins bretons. Le panorama est superbe et je demande à ma compagne de prendre une photo de moi dans les marches qui descendent vers le port.
Je m'installe sur la deuxième ou troisième marche. Je n'ai aucun appui. Les marches sont en pierres rugueuses et disposées en pentes assez arides et au moment ou mon amie va prendre une photo, je m'enfarge dans ma jupe longue et je suis en déséquilibre. Mon dos arqué vers le bas, dans un angle à 45 degrés. Je sens le danger qui me guette et je n'ai aucun appui, alors je me sens poussée vers l'avant ce qui me permet de reprendre mon équilibre . Nous sommes toutes les deux affolées et nous pouvons réaliser que je l'ai échappé belle.

Je ne pouvais expliquer ce qui venait de m'arriver mais j'ai senti une protection quasi surnaturelle. D'après ma posture c'était pratiquement impossible de me relever sans aide, et pourtant
Heureuses de réaliser que nous venions de vivre une expérience unique, nous prenons donc le chemin vers une nouvelle rencontre.
C'est Marie Françoise, mon hôte qui nous recevait à La Cigale, un merveilleux café-restaurant réputé pour son cadre. Tout touriste de passage dans les environs se doit de visiter ce lieu si cher aux Nantais.
Il se trouve sur la Place Graslin, côté opposé au Théâtre du même nom. C'est magnifique! L'intérieur est une véritable uvre d'art de l'époque 1900 au décor de céramiques agrémenté des lustres superbes et glaces biseautées.
On se serait cru dans un musée. Où que nous regardions, c'était d'une splendeur admirable. Nous attendions depuis quelques minutes seulement lorsque notre amie arriva. Aucune de nous ne nous connaissions et nous sommes maintenant en face les unes et les autres et c'est l'éclat de rire ou se mêle un peu de gêne qui heureusement est vite dissipée.
Nous décidions alors de manger à l'extérieur. Bien vite la conversation s'était animée. Nous avons tant de choses à nous dire. Le dîner était excellent. J'ai eu la chance de débuter mon repas par des huîtres, naturellement accompagnées d'un excellent Muscadet de la Haye Fouassière. C'était bien la première fois de ma vie que je mangeais un aussi délicieux repas sur une terrasse de ce grand café La Cigale.
Nous communiquions depuis quelques mois. Nous connaissions un peu moins Marie Françoise de Jérusalem. Comme mes deux amies portent le même prénom ,j'identifierai cette dernière, par les initiales MF.
Au départ, nous l'avions connue par les récits qu'elle publiait sur le site Internet de Sel et Poivre. M F est française et réside à Jérusalem à cause du travail de son mari. Elle avait présenté ses récits sur la Terre Sainte qui étaient toujours très intéressants. Chacune de notre coté, sans savoir que nous correspondions avec MF, nous échangions sur ses écrits et l'encouragions à continuer.
Les deux Marie Françoise avaient échangé à quelques reprises constatant qu'elles avaient l'une et l'autre de la parenté portant le même nom. Ce fut au début du printemps que j'ai fait cette découverte en leur avouant que j'avais deux correspondantes du même nom, celle de Nantes et celle de Jérusalem. Je n'en revenais pas de la coïncidence. Parmi les milliers de correspondants, quelle était la possibilité que trois personnes aient les même correspondants ?
Naturellement, sans le savoir, nous avions suivi la même filière du site Sel et Poivre et nous avions été attirées par les mêmes personnes ,à des milliers de kilomètres les unes des autres.
Comme vous devez vous en douter, l'après midi s'est vite passé sans que nous nous en rendions vraiment compte en si bonne compagnie.

J'ai nommé cette photo Bonheur.
La promenade dans les rues avoisinantes ;Cours Cambronne, Passage Pommeraye , nous a permit d'échanger sur divers sujets nous permettant ainsi de mieux nous connaître

C'est avec un peu de tristesse que nous nous sommes séparées. Nous venions encore de passer une excellente journée. Nous nous promettions de continuer à nous donner des nouvelles régulièrement.
Les prochains échanges seraient très différents car nous pourrions imaginer la personne entièrement .
La journée du lendemain risquait d'être assez chargée. Claude m'ayant avoué qu'il adorait les cuisses de grenouilles. Il fut donc invité pour le jeudi midi de trouver un endroit où nous pourrions en déguster.
Ça me faisait grand plaisir de leur rendre, à mon tour, un tout petit peu leurs politesses, ils avaient tant fait pour moi.
Je devais assister, assez tôt, ce jeudi matin, à une pratique de la chorale de l'Université de Nantes dont Marie Françoise faisait partie. Elle avait eu l'autorisation de m'amener à cette dernière répétition avant le voyage de la chorale qui avait lieu le samedi suivant.
Mon départ était prévu pour Lille, au début de la soirée, c'était donc en pensant à tout cela que je me couchai le mercredi soir. Je me demandais si ma santé me permettrait de faire tout cela. Malgré que je ne voulais rien manquer, la fatigue se faisait sentir, de plus en plus. Marie Françoise m'avait pratiquement forcée à me reposer de temps à autre mais le dîner avec mes hôtes demeurait le plus important et si j'avais un choix à faire, je laisserais donc tomber la chorale.
Jeudi.
Le petit déjeuner se prenait toujours sur la belle terrasse fleurie. Le soleil entrait de partout. J'étais en compagnie de mes hôtes qui m'expliquèrent qu'ils avaient pensé à mon invitation du dîner aux cuisses de grenouilles. Ils m<expliquaient que mon invitation les touchait beaucoup mais que ça ne nous donnerait pas assez de temps pour bien profiter de la journée .
Nous devrions plutôt revenir prendre le repas du midi à la maison en compagnie de Claude. J'étais un peu déçue .J'aurais bien aimé les recevoir mais on m'a dit que je n'avais pas la majorité.
A la pratique de la chorale de l'Université de Nantes, j'ai été accueilli comme de la grande visite. Le chef de chur était reconnu pour ne pas être toujours commode . Il a été très gentil et m'a accueillie avec des mots de bienvenue.
J'étais au centre du chur de chant assise avec la chorale et ce que j'entendais me ravissait. A un moment donné, j'avais tellement le cur gros, je prenais tout ce qui m'arrivait comme un grand bonheur. Mon âme était devenue une éponge qui absorbait tous ces bonheurs qui m'arrivaient. Ce fut encore une superbe expérience pour moi et j'aurais manqué quelque chose de précieux si je l'avais raté.

Une autre surprise de taille m'attendait à la maison, Marie Françoise, avec la complicité de son mari, avait prévu un dîner très spécial. En fait, ils voulaient m'offrir le repas qu'ils servaient habituellement à leurs enfants pour Noël.
Foie Gras de Canard ( Sud Ouest) Magrets de Canard aux groseilles et pommes frites. Tout cela avec un bon pain croûté chaud. Ce festin accompagné d'un bon Cabernet, valaient, à n'en pas douter le meilleur des restaurants. C'était la première fois, que je goûtais à ces mets dont j'avais déjà entendu parler en termes élogieux mais je n'avais jamais eu la chance d'y goûter.
Tout cela était fait sans prétention. Juste pour faire plaisir. J'avais vécu quatre jours dans cette famille et je me sentais tellement bien avec eux. Je leur serai toujours d'une très grande reconnaissante pour ce cordial accueil.

Marie Françoise et Claude qui est toujours accompagné de son
amour de petit caniche
Après quelques heures de repos, le temps était venu de partir. J'ai fait mes adieux à Claude qui avait été bien plus qu'un hôte, c'était un ami que je laissais derrière moi.
Marie Françoise m'amena à la gare, elle tenait à venir jusqu'au bout avec moi ,c'est donc dans le wagon qui me ramenait à Lille que nous nous sommes séparées. . Nous avions vécu quelque chose de particulier et d'intense. Quatre jours auparavant, nous nous serions croisées dans la rue sans nous reconnaître et maintenant nous avions de la difficulté à nous séparer.
Comme j'ai déjà dit, nous nous sentions attirées comme deux âmes surs. Nous n'avions pas besoin de grands discours pour nous comprendre, comme si nous nous connaissions depuis très longtemps et c'est le cur gros que nous avons dû nous faire nos adieux.
Que nous réservera l'avenir ? Il en restera toujours un doux souvenir qui nous rappellera que quelque part, il y a un être qui nous ressemble et pour lequel, nous avons beaucoup d'affection.
Le retour à Lille s'est fait en douceur. J'avais quelques heures devant moi pour revivre ces quatre jours qui faisaient déjà parti des souvenirs heureux.
Tout s'était passé comme prévu et même en plus merveilleux. Je revenais le cur rempli de tendresse pour toutes ces personnes rencontrées.
J'arrivais assez tard à Lille mais je savais que malgré l'heure tardive, Denis serait là à m'attendre. Là encore, je ne fus pas déçue.
Revenue à la maison, je me suis rendue compte que mes draps de lit avaient été changés et que rien d'autre n'avait été déplacé. Plutôt que de coucher sur le divan, Denis aurait pu reprendre sa chambre pour ces quatre nuits mais non, une grande marque de respect avait été encore faite à mon endroit .
Ma visite chez eux tirait à sa fin . Nous étions rendus à vendredi et c'est la journée que j'ai trouvé la plus longue. Denis et Pascal étaient partis très tôt le matin et ne revenaient que sur la toute fin de l'après-midi.
J'ai essayé de me reposer au cours la journée mais je n'y parvenais pas, je devais être trop émue. J'avais vécu tellement de bouleversements émotionnels depuis quelques semaines que j'avais l'impression de retomber sur terre tout doucement.
L'arrivée de mes hôtes me changea les idées. C'est le cur léger que je les accompagnai chez les filles, amies de longue date de Denis et Pascal. C'est en ces termes qu'on m'introduit chez ces trois filles qui demeuraient dans une magnifique maison situé dans un domaine résidentiel de Lille.
L'architecture de cette belle grande maison était beaucoup plus ressemblante aux maisons qu'on retrouve ici ,en Amérique du Nord que tout ce que j'avais pu voir en France. Les filles étaient des professionnelles de l'enseignements et semblaient très à l'aise. Tout était beau et de bon goût. Ce fut donc encore une soirée très réussie en compagnie de si charmantes compagnies.
Le samedi nous sommes allés magasiner dans un nouveau centre d'achats qui ressemble un peu aux notre, Denis me disait que c'est tout nouveau d'avoir des centres de ce genre. Le soir nous étions invités, tous les deux à dîner chez un confrère de Denis à Provin, tout près du collège Dolet.
Ça ne me tentait pas beaucoup car je partais le lendemain mais Denis insistât en me disant que si je n'y allais pas, hé bien il n'irait pas non plus alors j'y suis allée je ne voulais pas qu'il manque sa soirée pour moi mais le coeur n'y était pas.
Les gens qui nous recevaient étaient très gentils. Je retrouvais quelques professeurs que j'avais eu l'occasion de rencontrer la semaine précédente et c'était sympathique.
C'était à l'extérieur que tout se passait, sous forme de B B C. Il y avait de la nourriture à profusion et j'Étais étonnée de voir comment les gens aimaient la bouffe. Plusieurs entrées suivies de brochettes et des fameuses saucisses, ensuite les fromages qui auraient pu à eux seuls faire un repas. Enfin nous sommes partis avant le dessert car il commençait à faire vraiment froid et nous devions partir assez tôt le dimanche matin pour Paris.
Les enfants de Pascal étaient en visite chez leur père et je pu ainsi les saluer avant de partir, et je fis mes adieux à Pascal qui avait été si dévoué tout le long de mon séjours chez eux. Denis qui avait insisté pour me ramener à mon hôtel à Paris ,était prêt, j'appréciais beaucoup car j'aurais trouvé difficile de me rendre jusqu'à Paris en TGV et ensuite en taxi à mon hôtel au centre ville.