Il
faut avoir vécu longtemps avant d'accepter de vivre
imparfait.
En
réalité. vivre, pour la plupart d'entre nous, ce
n'est pas autre chose qu'être
imparfait.
C'est
croître, avancer, assumer les erreurs etles épreuves, c'est savoir en tirer des leçons et créer à mesure
ses réponses.
C'est
couler avec le mouvement qui vient deplus
loin que ''nous' et qui nous
emporte dans une aventure inconnue.
Vivre,
c'est n'être jamais arrivé, n'avoir jamais la
réponse finale ni même la bonne.
Apprendre,
toujours apprendre, être humble,près
de la terre, comme
l'indique le mot humilité.
Certes,
''vivre imparfait'' comme on dirait ''vivre heureux''ou
''vivre vieux'' n'est pas une attitude qui apparaît sans que la conscience
n'ait été secouée.
Ce
n'est pas un programme pour les faibles ou les
rêveurs.
Il
faut avoir vécu sa vie de très près et sansrien
laisser avant de consentir à vivre imparfait.
Cette
conscience ne s'éveille qu'au lendemain d'une
illusion.
On ne naît pas en sachantl'importance de vivre dans
son imperfection, c'est à dire tel que l'on est, ce sont les failles et les échecs qui
nous ouvrent les yeux.
Il ne faut plus voir le monde séparé en
gens ordinaires et extraordinaires. Tous
les humains sont à mes yeux
plus semblables que différents, unis
davantage par la communauté de
ténèbre et de lumière qu'appelés à se dominer
mutuellement.
Ce
n'est pas que suis devenu plus fortqu'autrui;
c'est que mes limites m'ont
fait rejoindre ce qui en moi était le plus humain,
le
plus universel: cette
source commune qui est en nous Intelligence
et Force, qui nous pousse à tout vivre, à tout absorber, à tout dépasser.
Ce
n'est jamais notre besoin de réussir qui nous conduit
au succès; c'est
l'Esprit qui a déjà suscité ce besoin et qui nous
pousse indéfiniement plus
loin... en
nous faisant tout d'abord échouer.
Il
n'est donc pas question de chercher à êtreparfait,
car c'est là une
habitude de pensée ancrée dans nos mémoires
et à laquelle on s'est
totalement indentifié.
Nous
découvrirons qu'il s'agit simplement d'être nous-même,
de vivre ce
que nous sommes, jusqu'à la limite, et que cette
intensité, cette
sincérité, cette humilité d'engagement à se vivre totalement, à
êtrecomplètement
accordés à cet instant qui jaillit, à
cet instant que nous
sommes, c'est tout ce que la vie appelle et exige de nous.
Elle
demande qu'on la laisse couler, qu'on l'en empêche plus, et c'est ce
qui constitue sa perfection, celle
que l'on ne peut chercher parce qu'elle
ne s'acquiert pas.
Sa perfection, c'est sa spontanéité. La
vie est reçue comme une grâce d'une eau qui au
dégel se remet à couler. Elle n'est pas pensée mais intelligence, vive et insaisissable.