Chapitre 19

À la rencontre de mes amis correspondants

Le 12 juin, la journée s'annonce radieuse. Pascal, ne travaillant pas le samedi, put nous accompagner dans notre promenade à Bruges. De toutes les villes de Belgique, Bruges est la seule qui a su garder son ancienne identité.

Son image est formée par son architecture qui date du XVe jusqu'au XVIIIe siècle. Plusieurs édifices sont les témoins de la puissance de Bruges au Moyen Age. La liaison avec la mer a toujours été une artère vitale.


Le marché et toute la ville sont dominés par la Tour des Halles. Cette tour fait 83 mètres, et ceux qui sont assez en forme pour escalader ses 366 marches peuvent y découvrir une immense vue panoramique sur la cité et le plat pays qui l'entoure. Elle symbolise le pouvoir et le désir de liberté des habitants du Moyen Âge.


Découvrir Bruges à pied est un vrai régal . Qu'on regarde à gauche ou a droite, tout est beau, ça prendrait plusieurs jours pour visiter tous ces bijoux ou reliques du passé; la Grande Place, la Basilique du St-Sang. À l'Hôtel de Ville, on découvre l'ancien Greffe de la ville dont la façade date de 1537 et qui est un exemple typique du style de la renaissance flamande.


Nous avons pris le petit bateau afin de faire un tour dans les fameux canaux de Bruges qui croisent la ville en tous sens. On se laisse facilement séduire par tous ces endroits idylliques de cette ville surnommée ''la Venise du Nord''. Partant du Quai Vert, nous avons pu traverser le Quai des tailleurs de pierre d'où la vue est inoubliable.
Photo 13…. Depuis le Quai du Rosaire, nous avons une vue magnifique sur le Beffroi, la fierté de Bruges.

Tout est grandiose et nous n'avons pas assez de nos deux yeux pour voir tous ces trésors d'architectures anciennes.

Rozenhoedkaai et le Beffroi.


Nous nous sommes ensuite promenés dans les petites rues étroites et bondées qui me rappelaient un peu les rues du Vieux Québec avec ses cochers et boutiques de toutes sortes, mais en beaucoup plus typiques.
Les petites boutiques de dentelle où travaillaient des dentellières avec leurs multitudes d'aiguilles et leurs fuseaux de fils fins très impressionnants, elles ne cessaient de nous en mettre plein la vue par leur dextérité à manoeuvrer ces nombreuses quenouilles.

On m'a offert le fameux chocolat belge que j'ai refusé, je me demande où j'avais la tête…
Enfin cette journée mémorable se terminait dans la joie. Ayant plein la tête des images de toutes ces merveilleuses découvertes au cours de la promenade, j'en suis revenue tout enchantée.

Le dimanche, nous étions invités à dîner chez Lysiane. Elle demeure en banlieue de Lille, à Auberchicourt avec ses trois enfants à environ une heure d'auto de chez Denis. C'est elle qui était présente avec ses enfants lors de mon arrivée. J'étais bien contente de la revoir car je l'avais trouvée charmante.


Dans l'après-midi, nous sommes allés tous ensemble à une fête de village. Plusieurs artisans vendaient le fruit de leur labeur. Ça ressemblait un peu à une tombola, et c'était très intéressant. Il faisait beau et nous profitions de cette journée de plein air.


Il y avait des activités récréatives et un concours d'adresse de chiens. Les jeunes et les moins jeunes ont apprécié.

 


Ici, devant un très beau gîte dans une commune où avait lieu cette journée de plein air


Lysiane avait dû travailler toute la nuit pour préparer le petit festin qu'elle nous destinait. Naturellement comme si ça faisait partie de la vie de tous les jours, nous avons sablé le champagne avant de déguster le bon repas que nous avons partagé tous ensemble, Lysiane, Magali, Ludo, Frédérique, Pascal ,Denis et moi.


Cette chère Lysiane, elle s'était cassé la tête et presque ruinée pour nous recevoir. Elle me mentionna qu'elle rêvait de faire comme moi et d'aller au bout de ses rêves.
Naturellement je l'encourageai. Comme elle exprimait le désir de venir dans mon pays, je l'invitai à venir passer des vacances chez moi.

J'avais la conviction que si on souhaite vraiment quelque chose de réalisable et qu'on prend les moyens pour y arriver, il y a de grandes chances de réussir…

*** En 2001, nous l'avons reçue pendant 15 jours, comme si c'était notre grande fille qui venait nous visiter...Vous vous souvenez sans doute de la belle température d'été que nous avons eue en mai... des journées idéales. Elle est repartie enchantée et la tête pleine des endroits visités dans notre belle province***

Encore une belle journée passée sans anicroche.

La semaine s'annonce différente mais tout aussi intéressante.

Lundi midi, Pascal me conduisait à la gare de Lille afin de prendre le TGV pour me rendre à Nantes ou je devais rencontrer Marie Françoise quatre heures plus tard.

J'avais dans mes bagages les aquarelles que j'avais faites pour mes amis ainsi que quatre exemplaires du Livre de Wilda que la direction du collège m'avait remis.


Dans le train, mon compagnon de voyage était un homme d'affaire cadre dans une grande compagnie française des télécommunications. Après une demi-heure de co-voiturage, nous avons entrepris une conversation, et naturellement je lui ai raconté mon histoire.

Il semblait intéressé et me posait des questions sur le fonctionnement d'Internet ici au Québec. La compagnie pour laquelle il travaille est une des importantes distributrices de services Internet en France. Je lui dis comment mes correspondants se plaignaient des tarifs astronomiques qu'ils avaient à débourser pour leur abonnement.

Ça ne changerait pas grand chose, mais au moins il pouvait comparer. Il semblait intéressé par le son de cloche que je lui faisais de l'opinion des gens que j'avais côtoyés.


Arrivés à Nantes, il m'aida à transporter ma valise . Il savait que je ne connaissais pas encore mon hôte, mais dès que je l'ai aperçue au milieu des autres personnes qui attendaient elles aussi, j'ai su que c'était elle.


Je suivais mon compagnon de voyage, elle ne s'occupait pas de moi car elle cherchait une dame seule.
Je me dirigeai directement vers elle, mon compagnon m'a devancée en disant à Marie-Françoise ;'' Vous attendez une Québécoise ?'' Et ce fut enfin la rencontre tant attendue.


Claude, son mari, nous attendait au dehors et il nous conduisit à leur très belle demeure. De la rue, avec les arbres et les hautes clôtures, on ne pouvait pas se douter de ce qui nous attendait à l'intérieur et c'était une très agréable surprise.


Ils habitent une maison du début du siècle qui est de toute beauté et qui m'a paru avoir beaucoup de caractère. Quand ils s'y sont installés voilà maintenant 47 ans alors que c'était beaucoup moins bâti, on l'appelait "le château" car le bourg était alors un quartier semi-rural .

Mes hôtes près de la verrière.

Cette maison avait probablement déjà un cachet spécial pour qu'on la surnomme ainsi.
J'étais accueillie comme une amie de la famille et tout de suite je me suis sentie en confiance. Claude qui est médecin, fils d'instituteur n'est pas du genre à se laisser tutoyer;  je l'ai fait naturellement et cela il semblait lui plaire.
Mais plus que la beauté de la maison, c'était la chaleur de ses résidents qui fit qu'on s'y trouvait si bien.

De ma spacieuse chambre au troisième, on pouvait voir une partie de Nantes et si n'eut été d'un arbre énorme devant ma fenêtre, j'aurais pu voir la ville entière.
Le terrain est assez grand, rempli de verdure et de fleurs avec, au fond des jardins, un mur de pierres recouvert d'une belle végétation, c'est magnifique.



Avec Claude dans une partie du jardins fleuri.


Avec Marie-Françoise, je me sentais en communion. Elle était comme la petite sœur que j'aurais tant aimé avoir. Elle non plus n'avait pas de sœur et comme je l'ai déjà mentionné, nous nous étions connues de l'intérieur, car depuis près d'un an nous communiquions.

Nous pensions la même chose sur plusieurs sujets. Nous nous étions fait des confidences, nous avions été aussi sincères l'une que l'autre et nous avions l'impression de nous retrouver après une longue absence.


J'ai eu le plaisir de rencontrer, à tour de rôle, ses enfants dont trois sur quatre sont dans la profession médicale ou paramédicale, ainsi que quelques-uns uns de ses petits enfants.

Un soir, au souper, Marie et Sophie, les aînées de ses petites-filles sont venues me faire un petit concert de violon. C'était fort sympathique.


Tout le temps où j'ai séjourné chez eux, je me sentais chez moi. J'ai goûté avec délice à plusieurs plats cuisinés par Marie-Françoise. Tous étaient aussi délicieux les uns que les autres, les vins appropriés accompagnaient toujours les repas.

C'est ici que nous prenions le thé l'après-midi


La journée de mardi avait été planifiée pour aller à la rencontre de Roger, son épouse ainsi qu'un de leurs amis, Jean. Il avait été convenu que nous les retrouverions pour le dîner, ( en France, nous dirions le déjeuner ) dans une auberge au bord de la Loire.
L'endroit choisi, ''Le Relais de la Côte de Jade '' avait beaucoup de classe et c'est dans la joie que s'est déroulée cette rencontre tant attendue.


Arrivées un peu à l'avance, nous avons fait un petit tour. En revenant au stationnement, je vis de dos un homme seul sortir d'une auto. Je dis à Marie-Françoise d'arrêter en lui disant que cet homme était Roger. Elle me répondit que je devais me tromper car il devait être accompagné, mais moi, je sentais que c'était lui. Je m'approchai de lui en disant ; ''Allô Roger ! '' Il se retourna tout surpris, car c'était bien lui. ( : " )) Il expliqua qu'il était revenu chercher quelque chose dans l'auto.


Et là, ce sont les exclamations et les rires. Jamais nous n'avons été sérieux lors de nos échanges. Nous passions notre temps à faire des farces. S'il quelqu'un avait entendu nos conversations sur ICQ il aurait facilement pensé que nous étions de jeunes adolescents tant notre discours était léger. Jamais nous n'avons été grivois ou quelque chose de semblable. Nos messages étaient, la plupart du temps, accompagnés de giffs animés étant sensés nous représenter. Je lui avais fait croire que je pesais 90 kilos.


Quand je pouvais trouver des giff de grosses personnes, les pires que je pouvais trouver et bien vous pouvez être certains qu'elle accompagnaient mon message. Tout le long des mois que nous avons correspondu, nous n'étions donc sûres de rien nous concernant l'une et l'autre.

Il faisait une journée magnifique et nous étions tous très excités par ce qui se déroulait, j'avais l'impression d'être en train de jouer dans un film. Les présentations faites nous nous préparions donc à faire plus ample connaissance

Nous pouvons voir ici à droite,Roger, Madeleine, Jean en arrière à gauche Marie Françoise et moi dans la salle à manger.

L'endroit choisi, ''Le Relais de la Côte de Jade '' avait beaucoup de classe et c'est dans la joie que s'est déroulée cette rencontre tant attendue.

C'est quand même spécial de se retrouver en face de quelqu'un que nous ne connaissons que par sa correspondance sur Internet. C'est si facile de se prendre pour un autre. Facile de se forger une façade selon nos désirs ou aspirations. Berner et se faire berner est monnaie courante sur le web. L'image que nous projetons n'est pas toujours conforme. Même avec un sens critique, plusieurs se font prendre aux jeux.

Moi, je me suis imposé comme ligne de conduite d'être franche dans tous mes échanges. Je mets toujours cartes sur table dès le début de notre communication. Mes correspondants savent au tout début que je suis une femme dans la soixantaine, mariée et qui ne cherche pas d'aventure.
La personne pour qui ces critères ne correspondent pas à ses attentes, ne persistera pas longtemps et s'éliminera d'elle-même.

Avec Roger, même si nos échanges avaient été empreints d'humour, il y avait quand même un fond de respect pour l'autre. Je crois qu'autant pour lui que pour moi, il ne nous serait pas venu à l'idée de tromper l'autre sur des sujets sérieux.

Je savais que Roger était marié avec une femme formidable et qu'ils étaient très heureux ensemble. C'est donc avec un plaisir que je fis enfin leur connaissance physique.

Bien que notre cuisine soit renommée, au Québec, nous entendons souvent parler de la fine cuisine française. J'ai eu enfin la chance de vérifier par moi-même, je pouvais , au cours de ce repas déguster des fruits de mer au goût exquis.

J'avais laissé entendre au cours d'une conversation avec Marie-Françoise que je préférais le vin rouge. Comme je m'étais absentée quelques instants, mes hôtes ont décidé de commander un vin rouge de la Loire, un Saumur Champigny bien que tous préféraient du vin blanc avec le repas.
Naturellement, je n'ai appris que cela plus tard. J'aurais été bien mal à l'aise d'avoir, bien malgré moi, privé mes hôtes de ce qu'ils aimaient. Naturellement, j'aurais tout aussi bien bu du vin blanc avec eux…

Cela démontre quand même de quelle belle façon ces personnes avaient décidé de me faire passer des moments inoubliables. Je n'ai jamais mangé de crème brûlée ainsi apprêtée, rien à voir avec ce que je connaissais déjà de ce dessert.

Avant de partir, Roger me donna les cordonnées du guide qu'il m'avait trouvé pour les trois jours que je passerais à Paris. Madeleine me dit aussi que probablement, son fils Michel trouverait un peu de temps pour me faire voir la ville lumière sous les étoiles; naturellement, j'étais bien contente.

Nous ne vîmes pas le temps passer et bientôt, l'heure vint de se quitter. Durant ces quelques heures, j'avais eu l'impression que les liens d'amitié qui s'étaient créés et renforcés revêtaient une importance particulière pour chacun de nous.

 

Photos devant la côte de Jade

Je ne sais pas si c'est le fait que tout cela avait été planifié et attendu avec tant de fébrilité, mais je peux dire que ce court lapse de temps a accentué le sentiment d'amitié qui nous unissait.
Il nous resterait toujours quelque chose de spécial de cette rencontre merveilleuse.

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