Souvenirs d’enfance…
Wilda, tu as d’autres souvenirs de ton enfance ?
Oui. J’en ai beaucoup. Nous sommes en été, 1941, j’ai quatre ans. Parfois, mes parents me permettaient de rendre visite à mes cousins et cousines qui demeuraient à quelques kilomètres de Normandin.
Quelques-uns habitaient à St-Thomas-Didymes. C’est ce fameux village où j’ai vécu ma douloureuse expérience des »Mardis gras ». C’était un tout petit village qui semblait être situé au bout du monde. Les maisons éloignées les unes des autres étaient entourées d’arbres. Dans le centre, était regroupé autour de l’église, de l’école et du marchand général, le noyau du village.
J’y retrouvais des cousins et cousines que j’appréciais beaucoup. Je ne vous cache pas que j’étais très excitée de les voir tous et je m’évertuais à toujours les faire rire. Ma tante Juliette était très gentille et m’accueillait toujours avec un beau sourire, même si elle était toujours bien occupée; une bouche de plus ne semblait pas changer quelque chose, j’aimais bien y aller.
Elle était mariée à mon oncle Roméo qui faisait le métier de forgeron. Sa forge se trouvait tout près de la maison et des gens venaient faire changer les fers de leurs chevaux et effectuer d’autres besoins de ferronnerie. Il travaillait dur aussi, car par grosses chaleurs, faire chauffer à blanc du fer pour le façonner n’est pas facile les étincelles revolant partout. À la fin de sa journée de travail, il ressemblait à un ramoneur. Après avoir fait sa toilette, ses beaux cheveux blancs semblaient encore plus blancs. J’admirais cette famille, car il me semble que même s’ils étaient nombreux, personne ne parlait fort et je n’entendais pas crier.
Ils n’étaient pas très fortunés, mais ils semblaient heureux.
Moi, ce qui me plaisait, c’était de me promener pieds nus et jouer avec eux, car ils avaient la permission de le faire. Mon père, en me laissant en visite pour deux jours, m’avait bien interdit de me déchausser. Mais vous vous doutez bien qu’aussitôt qu’il fut parti, je m’empressai d’enlever mes chaussures.
Je me croyais en sécurité et je courrais avec mes cousins, pieds nus dans le sable. Soudain, j’ai vu revenir mon père, à peine dix minutes plus tard. Très fâché de voir que je lui avais désobéi, il m’a couchée sur ses genoux et m’a donné un couple de claques sur les fesses devant tout le monde. Je ne peux pas dire qu’il m’ait fait très mal, c’était plutôt mon orgueil qui en avait souffert le plus.
Et comme si ce n’était pas assez, il m’a dit : « Reprends ton bagage et tu reviens avec moi ! »
J’ai trouvé la punition trop injuste. Il m’arrivait assez rarement de pouvoir m’amuser en si bonne compagnie! Je me rends compte aujourd’hui qu’une chose que nous jugeons injuste alors que nous sommes tout petit peut nous rester dans la mémoire longtemps après.
Par la suite, j’y suis retournée souvent et chaque fois c’était le bonheur pour moi. J’étais très excitée; vous ne pouvez imaginer toutes les pitreries que je pouvais faire pour faire rire.
Mes petites cousines Isabelle, Jacqueline et Gaétane ainsi que mes petits cousins Claude et Justin étaient aussi un très bon public. Vincent travaillait déjà. Nous partions souvent pour aller aux bleuets, je revenais assez souvent sans bleuets, les ayant le plus souvent renversés en tentant de traverser une clôture, mais j’étais heureuse d’avoir passé ces quelques heures en aussi bonne compagnie.
Cette photo a été prise quelques années plus tard à St Thomas avec mon petit frère et une petite cousine.
J’allais aussi chez des cousins à Albanel, qui se trouve entre Normandin et Dolbeau. C’est un autre petit village tout en longueur éloigné du centre du village, on appelait cela un rang. Les habitants étaient presque tous des cultivateurs. Si je me souviens bien, il devait plusieurs enfants dans la famille des cousins. À ce moment-là, moi, j’avais entre cinq et neuf ans.
Là aussi j’étais bien accueillie par ma tante Armandine et mon oncle Édouard. Malgré leur grande famille, ils n’hésitaient pas à me prendre avec eux pour quelques jours. Ma tante était toute délicate, on aurait dit qu’elle était en fine porcelaine tant sa peau était pâle et douce et naturellement elle ne parlait jamais fort.
Durant l’été, j’accompagnais parfois mes cousins et cousines ‘aux vaches » et aux bleuets.
Aller aux vaches veut dire marcher quelques kilomètres dans les champs et ramener les vaches à l’étable.
C’est un gros travail; les ramener des prés n’est pas simple non plus. Il me semble qu’il y avait des dizaines de vaches, je ne sais pas au juste le nombre, mais moi je trouvais qu’il y en avait beaucoup. Avec l’aide de quelques chiens, il fallait les ramener et les faire entrer dans l’étable où chacune avait un enclos avec, devant, un abreuvoir, du foin et de la nourriture. La traite se fait deux fois par jour, très tôt le matin et vers l’heure du souper.
Ensuite, il fallait s’asseoir sur un petit banc tout près de la vache pour extraire son lait par les trayons et faire tomber le lait dans une chaudière. Moi j’essayais, mais je trouvais cela très difficile. La vache m’envoyait la queue dans la face. Elle essayait bien sûr d’écarter les mouches, mais elle devait trouver aussi que je n’étais pas très habile comparativement à mes cousins qui faisaient cela régulièrement.
Mes petites mains tiraient sur les trayons et le lait revolait partout, excepté dans la chaudière. Mes cousins riaient de moi, je riais aussi, car je voyais bien que je faisais plus de gâchis qu’autre chose.
Le lait était ensuite versé dans de gros barils qu’un commerçant venait chercher. Il en faisait de la crème, du beurre, du fromage et toutes sortes de produits laitiers. Les produits du temps étaient beaucoup plus riches que maintenant. On pouvait aisément retrouver un bon deux pouces de belle crème sur le dessus d’une pinte de lait. À ce moment-là, tout se faisait à la main et il n’y avait jamais un jour de repos. Vous le savez peut-être, dans une ferme, les animaux demandent des soins tous les jours de l’année, les bêtes doivent être nourris et les enclos bien nettoyés. Il y a aussi plusieurs petits animaux comme chien, chats, canards et d’autres qui courent partout ainsi que des chevaux qui sont très utile.
Le printemps, aussitôt la terre dégelée, commençait le dur travail de préparation du terrain par le désherbage ; le fermier derrière ses chevaux devait tenir solidement les deux manches de la herse qui faisait des sillons dans la terre. Ensuite venait le temps de la semence.
Note : Robert Duncan est un très grand peintre qui représente bien des étapes de la vie sur une terre ou à la campagne. j’en ai inclus quelques-uns qui illustrent bien mon propos.
**Vous pouvez visiter son site et l’ensemble de ses œuvres sur Internet.
L’été les bêtes restaient en pâturage, mais l’hiver il fallait les nourrir.
À l’été, il y avait »les foins » Faire les foins voulait dire, dans ce temps-là, couper le foin avec de grandes faux, durant l’été, au début d’août je crois, lorsqu’il était mûr.
Aussitôt coupé, il fallait le ramasser le plus vite possible pour que le foin frais coupé ne soit pas trempé par la pluie ou l’humidité. Le foin servait de nourriture pour tous les animaux durant les jours d’hiver. Mais si par malheur le foin était trempé, il moisissait et tout ce travail n’avait servi à rien.
Un adulte ou un des enfants les plus âgés menait la charrette. Habituellement, elle était tirée par des chevaux. Il n’y avait pas à cette époque les beaux tracteurs et la machinerie qu’on retrouve aujourd’hui. Tous les enfants qui étaient assez grands pour tenir une fourche à trois branches montaient le foin dans la charrette. Pour revenir, nous nous couchions dans le foin qui nous piquait partout et nous riions comme des fous.
Quand tout était entré et à l’abri, tout le monde était fatigué, mais heureux du travail accompli. On célébrait la fin des foins et tous les cultivateurs faisaient une fête commune. Elle se passait dehors et ça jouait de la musique à bouche, de l’accordéon et ça dansait des gigues simples et des sets carrés!
Moi je trouvais les vaches, les foins, la fête vraiment très agréables. Mais mes cousines elles, ne trouvaient pas cela tellement drôle d’aller aux vaches, de faire le train ou le foin. Bien entendu quand il faut le faire tous les jours, ce travail devient vite routinier. Beau temps, mauvais temps, il fallait y aller.
Moi, c’étaient les vacances que j’appréciais le plus, d’aller comme cela chez mes oncles et tantes. Mes cousins et cousines pas beaucoup plus âgés que moi donnaient déjà un bon coup de main aux parents. Il y avait aussi des bébés qui avaient augmenté la famille depuis la dernière fois.
J’aimais beaucoup mon oncle et ma tante, mon oncle me faisait fâcher et me racontait toutes sortes de choses invraisemblables. Je faisais semblant de le croire, et ma tante prenait toujours ma part en lui disant en souriant de me laisser tranquille. Ma tante était de santé fragile et ne parlait jamais fort, elle était toute délicate et la maison resplendissait de propreté.
Je me souviens qu’il y avait un beau grand salon avec un plancher en bois franc, et nous mettions des chaussons pour polir le plancher; c’était la course folle avec les autres enfants. Nous patinions sur le plancher, prenant des courses comme si nous étions chaussés de patins à glace, je m’amusais comme une petite folle.
Fait que je remarquais, il y avait toujours des fleurs à l’extérieur. Ce n’était pas coutume chez les cultivateurs de couper le gazon et de décorer ainsi les maisons. Comme je trouvais cela beau et trouvais chanceux mes cousins et cousines d’être aussi bien entourés.
En pensant au plaisir que j’avais de me rendre à Albanel, j’ai peint de mémoire ce paysage qui me rappelle de bons souvenirs
Comment gagnaient-ils leurs vies, les cultivateurs?
Bien, ils devaient vivre principalement des produits de la terre, des produits laitiers, de la vente des animaux. Il y avait aussi la coupe du bois pour chauffer la maison et les étables où étaient enfermés les animaux pour l’hiver; il y avait peut-être d’autres sources de revenus, mais je ne les connais pas.
Partout où il y avait de la terre à cultiver, que ce soit dans les paroisses ou dans les rangs, on retrouvait toujours de beaux jardins qui demandaient un entretien quasi journalier durant les mois d’été. Tout ce qui était récolté servait à nourrir la famille et les animaux qui étaient nombreux.
Les patates étaient entreposées dans une cave de terre ainsi que navets, carottes et betteraves, afin d’éviter de faire geler ces précieux légumes qu’on ne trouvait pas facilement comme aujourd’hui.
L’hiver, ils engraissaient les animaux, poules, veaux, vaches, cochons afin de les vendre ou se nourrir.
Il y avait un sentiment d’appartenance très fort entre ces gens de cœur, et si un malheur arrivait, on faisait un bi.
C’est quoi un bi ?
Faire un bi, c’est se réunir bénévolement tous ensemble pour aider quelqu’un dans le besoin.
Par exemple, si un habitant avait eu le malheur d’avoir fait détruire sa maison ou sa grange par la foudre, tous se mobilisaient pour prêter main-forte aux sinistrés, fournissant même à l’occasion des matériaux afin de rebâtir.
Ça pouvait être de reconstruire l’étable qui était tombée sous le poids des ans, ramasser le foin d’un autre cultivateur quand celui-ci était dans l’impossibilité de le faire; c’était faire toutes les activités qui demandent un urgent besoin, sans qu’il y ait de graves conséquences si ce n’était pas fait.
Les femmes et les enfants participaient aussi selon leurs compétences, soit par la préparation de victuailles pour la famille et les travaillants ou simplement en surveiller et amusant les jeunes enfants.
Il y avait aussi au Rang Nord, situé entre Normandin et Albanel, la famille Vallée, un gros cultivateur, ma tante Marie Jane qu’on prononçait à l’anglaise et oncle Henri. Ils étaient parents de plusieurs garçons qui travaillaient tous sur la terre et une fille Annette qui avait 5 ou 6 ans plus âgée que moi dont je vous parlerai plus longuement plus tard. Elle a fait partie elle aussi de bons moments de mon adolescence.
C’étaient vraiment des moments heureux… Et tu as quelques souvenirs plus difficiles?
Oui, en voici un. Dans un rang de Normandin, à quelque six kilomètres du village, demeuraient ma tante Léontine et mon oncle Philippe; il y avait aussi une cousine de cinq ans mon aînée, Éliette et son petit frère Jean-Marc qui avait six mois de plus que moi. Comme chez mes autres parents, j’étais toujours la bienvenue, même si je n’étais pas toujours sage.
Il y avait une belle maison; il me semble qu’elle était jaune, assez éloignée du chemin et nichée sur une colline, la vue était très belle. Comme ce bout de pays est très plat, nous pouvions voir au loin.
Il y avait, comme chez tous les cultivateurs, des granges et une étable. J’adorais me faire conduire à l’étable pour voir les animaux et leurs petits. Il y avait toujours des chats et des chiens qui avaient leur utilité, entre autres, déloger les petits rongeurs et aller chercher les vaches dans les champs.
Jean Marc était ce qu’on appelle aujourd’hui un super actif. Il avait de beaux yeux bleus et était toujours sur une patte. Il n’avait plus de dents en haut et faisait des grimaces en faisant rouler ses yeux, probablement pour me faire rire. Il y réussissait à merveille, mais, j’aurais trouvé difficile de vivre avec lui tout le temps, je n’étais pas habituée à voir bouger autour de moi.
Pour que je m’en souvienne encore après toutes ces années, il devait réellement sortir de l’ordinaire et je l’aimais beaucoup. C’est de chez lui que j’avais eu mon beau cadeau, vous vous souvenez de mon petit Marquis.
Avec Éliette et quelques-uns de leurs amis, nous allions aux bleuets. Ici en France, vous n’avez sans doute jamais entendu parler de la réputation des bleuets du Lac-Saint-Jean!
Bien, je peux vous dire que dans ce temps-là, cette réputation n’était pas surfaite. Ils sont réputés encore aujourd’hui pour leur goût sucré et leur grosseur. On dit parfois qu’il ne faut que trois bleuets pour faire une tarte. Je crois que c’est un peu exagéré… hi hi mais effectivement ils ont une très bonne réputation.
Lorsque nous allions aux bleuets, nous passions près d’une voie ferrée. Quand passait une locomotive suivie de plusieurs wagons, nous nous arrêtions pour regarder, médusés de voir ces trains.
Il y avait toujours un garçon pour nous raconter des histoires d’horreur sur les voyageurs de ces trains. Affolés, nous, les plus jeunes, partions en courant pour ne pas nous faire voler ou enlever par ces passagers étranges. Pour nous, ces trains étaient un spectacle qui sortait de l’ordinaire. Nous n’avions pas souvent l’occasion de voir et d’entendre d’aussi près ces grosses locomotives. Maintenant, personne ne s’arrête pour regarder passer le train. Nous étions bien naïfs et nous ne connaissions pas grand-chose. Mais dans notre petite tête d’enfant, nous nous en retournions en pensant que nous avions été épargnés d’un grand danger.
Pour ce pique-nique, ma tante Léontine nous avait préparé un délicieux goûter qu’elle avait déposé dans un panier d’osier, recouvert d’un beau papier crêpé vert.
Quelques années plus tard, durant le mois de décembre, mes parents m’ont annoncé que mon petit cousin était mort et enterré. Il avait eu la scarlatine. J’étais bien triste, et ma mère m’a trouvée dehors à faire des trous pour retrouver mon petit cousin.
Quand nous sommes de jeunes enfants et que nous ne connaissons rien de la mort, c’est difficile d’imaginer que nous pouvons être mis en terre.
C’était mon premier gros chagrin et la première fois que j’étais confrontée avec la mort de quelqu’un de si près. Je l’ai cherché longtemps et il a hanté mes nuits pendant de longs mois, mais jamais avec un sentiment de peur, mais bien pour trouver un moyen de le faire revenir.
Ça laissait un grand vide, car Jean Marc était tellement vivant! Super intelligent, il était déjà en 4e année à 8 ans.
Ses parents l’aimaient beaucoup et de toute leur vie, ils ne l’ont jamais oublié.
En effet ça doit être triste de perdre un enfant si jeune!
Oui, très.
Vous, très jeune, vous le savez pour avoir vu tant et tant de fois à la télévision, ce qu’est la mort. Mais dans notre temps, comme je vous l’ai déjà expliqué, nous n’avions pas tous ces références. Nous apprenions très lentement les choses de la vie. À force d’expériences plus ou moins heureuses, nous nous formions à la vie.
Pas très longtemps après, j’ai aussi eu la douleur de perdre mon petit Marquis. C’était un beau petit chien que j’aimais plus que tout. Il m’écoutait comme mes parents auraient aimé que je les écoute. Je vous ai raconté, il me semble, comment il est parti. J’ai eu beaucoup de peine et pendant longtemps je ne pouvais pas en parler sans pleurer.
Heureusement que ton oncle était avec toi.
Et comment le savez-vous ?
Tu nous en as déjà parlé, Wilda… Mais visiblement, c’est une histoire qui t’a beaucoup touchée. On t’en achètera un autre… mais tu viens le chercher en France…
Peut-être, mais si je raconte à nouveau cet épisode, c’est que je n’ai pas trop aimé être une fille unique. Je crois que ce petit Marquis a été la meilleure chose qui me soit arrivée. Je l’aimais et il est devenu mon meilleur ami. Il était là pour écouter ma peine. Il était mon confident.
Un animal de compagnie nous permet de dire des choses que nous ne dirions à personne. Il nous apprend aussi à être responsables d’un autre être vivant, à subvenir à ses besoins. Pour moi, Marquis m’apportait beaucoup de sécurité et de sérénité. Je crois que je n’étais pas une enfant facilement heureuse, et ce petit paquet d’amour m’apportait ce qui me manquait.
C’était un petit Poméranien blanc miniature. Je le vois encore avec sa petite tête intelligente qui pendait dans mes bras. Je venais de le ramasser dans la rue… un très gros chagrin pour moi. Je vous en parle et même si ça fait plus de 70 ans de cela, j’en ai encore le cœur gros.
Peut- être que ce sont toutes ces expériences de vie qui font ce que nous sommes et probablement que ces étapes, même difficile, nous aident à nous former un caractère et pouvoir traverser la vie avec philosophie.
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Au sujet de ma correspondance avec les jeunes élèves, j’envoyais toujours mes brides de vie chaque semaine et je devais les reprendre à plusieurs reprises pour répondre aux diverses questions de mes petits amis.
Je continuais aussi, pendant tout ce temps, à communiquer par messages personnels avec mes nombreux jeunes correspondants. Je recevais des messages pathétiques quelques fois et je me trouvais bien loin pour apporter une aide à ce jeune enfant violenté ou à cette petite fille qui ne se sentait pas aimée dans sa famille.
Le mardi et le vendredi leur étaient destinés…… Je recevais entre 25 ou 30 messages chaque fois. J’avais ouvert un dossier pour chacun, et même s’il y avait des prénoms identiques, je savais que la petite Maggie qui était allergique aux chats était différente de Maggie qui venait de se faire opérer.
Je leur répondais individuellement et avec les quelques phrases qu’on m’avait envoyées, je brodais une bonne page afin de leur faire prendre un peu de confiance en eux. J’espérais que nos échanges seraient formateurs et qu’il leur reste quelque chose de positif de toute cette aventure.
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Je vais vous faire connaitre la famille de ma mère, les Fortin et les Collard.
Mes grands-parents ne l’ont pas eu facile, ils eurent 12 enfants et vivaient sur une grande terre agricole mais la Grande Dépression de 1929 se fait cruellement sentir et tout perd de la valeur et c’est pratiquement la faillite. Tout le monde était touché d’une façon ou d’une autre et c’était très difficile de nourrir cette grande famille. C’est ce dont je me souviens des confidences de ma mère il y a surement bien des détails qui m’échappent. En 1947, la famille est réunie pour fêter le 50 e anniversaire de mariage de Marie Collard et Charles Fortin, mes grands-parents.
Les descendants et leurs familles sont présents, mariés et ont des enfants et des petits-enfants, quelle belle famille québécoise. La majorité demeurent dans les alentours de Normandin et un lien très fort les unis.
Ça me fait plaisir de regarder cette photo car je les reconnais tous, même si je suis partie de Normandin à l’âge de 10 ans et demi ils ont fait partie de ma vie un moment donné. Aujourd’hui je me rends compte que plusieurs sont partis, qu’ils reposent en paix.
Quel beau tableau, Éliette, fille de Léontine et Philippe, Charles et Marie, les parents de ma mère, en bas de gauche à droite, Jacques et Jaqueline, les jumeaux de Bella et Alphonse, Justin Desmeules fils de Roméo et Juliette ainsi que Fleurette fille de Édouard et Armandine.
Malheureusement ma grand-mère est décédée quelques années plus tard dans de grandes souffrances.
Les inséparables, maman et tante Bella avec mon oncle Clément. Tante Irma était aussi très souvent avec ses deux sœurs. Demeurant l’une près de l’autre, elles faisaient partie de mon quotidien et c’étaient des mères pour moi.
Je me souviens qu’elles avaient tellement de plaisir entre elles, elles étaient taquines et toujours prêtent à aider.
Ici j’imagine que ce sont des invités au mariage de mes parents car il y a des oncles et tantes du Nouveau-Brunswick et de Normandin.
Mariage de mes parents le 13 avril 1936
Mon premier voyage au Nouveau Brunswick, en 1937.
J’ai très peu de photos de mes parents, c’était différent quand ma tante Alma était dans les alentours son kodak la suivait tout le temps.
A l’été 1937, mes parents sont venus me présenter à la parenté du Nouveau-Brunswick. Les photos sont très petites, et pas jeunes, mais elles représentent le parcours d’une vie bien remplie. A gauche je suis dans les bras de tante Alma. A droite mes parents.
As-tu toujours demeurée à Normandin ?
Mes premières années se sont en majorité déroulées à Normandin quand je n’étais pas dans les chantiers, ici Germain et Gilles qui avaient reçu ces magnifiques chevaux de bois Un autre souvenir de mes frères de cœur, les Gauvin.
Je vais maintenant vous parler de ma tante Bella, mariée avec Alphonse Gauvin, cousin germain de mon père et unis comme des frères natifs de Maisonnette.
Ici c’est leur 25e anniversaire de mariage en 1960.
Ils ont eu cinq garçons et une fille. Gilles, Germain, Jacqueline, Jacques, Sylvain et Yvon dans le médaillon malheureusement décédé.
Avant que je déménage en Mauricie, c’était comme ma famille avec Jean-Marie, c’est pourquoi je me suis retrouvée pas mal seule dans ma nouvelle demeure étant aussi loin d’eux tous.
Probablement que toutes ces expériences m’ont aidé à former mon caractère et m’ont habituée à aller de l’avant, aujourd’hui, avec le recul, c’est une grande richesse de pouvoir apprivoiser la solitude et savoir s’adapter aux changements.