Chapitre 13

La réalisation d’un rêve

Tout au long de mon récit, j’ai vraiment essayé d’être le plus fidèle possible à mes souvenirs. J’ai tenté de me rappeler les sentiments et les émotions qui m’habitaient au moment où se déroulaient les événements tout au cours de ma vie et de vous les transmettre le plus fidèlement possible. Naturellement, avec le recul, ma perception est différente de celle d’une petite fille de 4, 7, 12, 17 ou 18 ans, mais c’est celle que j’ai vécu que je vous ai transmise.

Comme je l’ai déjà dit, c’est ma vérité à moi et c’est la façon dont je voyais le monde des adultes et l’analyse que je faisais de ma vie, des gens que je côtoyais et des événements.

Ce n’est d’aucune façon un document pédagogique, mais je suis contente d’avoir fait cet exercice. Cela m’a permis entre autres de me rendre compte que j’ai eu une enfance intéressante et assez formatrice. C’est la somme de toutes ces expériences qui font de moi, ce que je suis aujourd’hui. Ceci met fin aux nombreux récits anciens que j’ai, pendant tous ces mois, envoyés à mes jeunes correspondants. Ils ont été nombreux à lire, à analyser et à commenter ces textes.

Cependant il n’y avait aucune photo, premièrement je ne savais pas comment faire pour les travailler car souvent elles étaient de piètre qualité et comme j’étais vraiment débutante, d’échanger avec les élèves était déjà un gros défi. Je faisais beaucoup de fautes et mon dictionnaire était toujours à portée de main, quand je me souvenais du mot que je cherchais. Je réalise aujourd’hui que c’était tout un contrat de capter l’intérêt de plusieurs élèves par mes écrits et de trouver les nombreux giff qui accompagnaient leurs courriels.

Je tentais de répondre à leurs nombreuses questions et conserver leur intérêt, c’était à leurs demandes que je m’étais rendue jusqu’au récit de mon mariage mais ils en voulaient toujours plus. Ils avaient été le centre de ma vie depuis plusieurs mois et je voulais les remercier car ils m’avaient apporté beaucoup eux aussi.

Depuis quelques jours, une idée fantastique germait dans ma tête, et que vous découvrirez, j’espère, avec autant de plaisir que j’aurai à la partager avec vous.

Vers la mi-mars, les élèves voulaient écrire un livre qui serait mis en évidence au moment de souligner le dixième anniversaire du collège Étienne Dolet, et ce, au cours du mois de juin.

On me disait souvent que ça serait intéressant que je sois avec eux pour cette occasion, on m’invitait à ménager mes sous pour ce voyage que je devrais entreprendre. Graduellement, l’idée de me rendre à leur rencontre se faisait dans mon esprit, tout doucement.

Il y avait des embûches de taille à surmonter avant et je voulais tout planifier pour faire de ce voyage une réussite. Je commençai par le plus difficile, c’est à dire, convaincre mon mari de me laisser partir, de préférence toute seule.

J’ai une meilleure capacité d’adaptation que Jean, aussi bien aux gens qu’aux événements. Il y eut beaucoup de discussions; au début, chaque fois que je voulais aborder le sujet, tout de suite mon mari se fermait et ne voulait pas du tout en discuter. Il devinait toujours ce dont je voulais l’entretenir et il en retardait l’échéance.

Une journée que nous étions dans un lieu public, j’abordai le sujet qui me tenait de plus en plus à cœur. Je pus facilement et calmement répondre aux objections soulevées.

Je lui expliquai qu’en partant seul, ça serait plus facile de me loger si, comme je le prévoyais, j’allais dans une famille, pour eux aussi ce serait beaucoup mieux. De plus, je voulais être complètement libre de mon temps et pouvoir me reposer aussi souvent que j’en aurais besoin. Étant d’un caractère assez inquiet, je savais aussi que s’il décidait de m’accompagner, il ne serait pas aussitôt parti qu’il voudrait revenir et serait toujours inquiet d’une tante âgée à laquelle il était très attaché et dont il s’occupait pratiquement à plein temps ; sans compter que nous avions aussi un petit chien qu’il ne voudrait pas laisser aussi longtemps.

Quand j’ai réussi à le sécuriser en lui affirmant que tous mes déplacements seraient planifiés et qu’il pourrait me joindre partout et en tout temps sur Internet, il commença à fléchir, mais ça faisait déjà plusieurs jours que j’avançais pas à pas.

Je le rassurai sur le fait que ce n’était pas que je ne voulais pas l’avoir à mes côtés, mais que ça serait beaucoup plus facile pour moi de ne pas avoir à me préoccuper de son bien-être tout le temps.

Je lui demandais de me faire confiance et de me donner cette grande preuve d’amour qui ne pourrait qu’être bénéfique pour nous deux. Il accepta finalement, mais en pensant que je partais juste une semaine.

Dans ma tête je planifiais les choses à faire ou à prévoir pour ma sécurité et pour que Jean soit sécurisé tout le long de mon séjour en France.

Ce grand pas franchi, j’envoyai un très court message à Denis qui se lisait comme suit ;  » Et si j’y allais « .

La réponse ne se fit pas attendre…

Chère Wilda… C’est plus qu’envisageable… C’est souhaitable. Nécessaire. Évident. Je t’attends, on t’attend.

En plus, ce sera la fête des dix ans du collège, je n’osais pas te le demander, je croyais ce rêve inaccessible. C’est fantastique, je suis tellement content, ça me réconcilie avec la vie. Si tu savais la joie que ressentiront les élèves en apprenant cette nouvelle. Là j’ai quelqu’un avec qui je dois travailler, mais je t’en parlerai plus longuement, tu vas voir, tu vas être reçue comme une reine.

Super… À bientôt Denis.

Voilà de quelle façon se précisait un rêve que jusqu’alors, j’avais cru inaccessible. Nous étions rendus à la fin de mars et il fallait planifier, organiser, me renseigner et voir mon médecin pour voir si c’était envisageable de partir ainsi à l’aventure.

Je demandai alors à Denis de ne rien révéler aux élèves encore, car lorsque j’avais envoyé cette bouteille à la mer, je ne savais pas quelle serait sa réaction et à ce moment-là tout était hypothétique, naturellement j’étais enchantée de son invitation, car je ne me voyais pas à l’hôtel, toute seule, pour plusieurs jours.

La semaine suivante, les élèves le savaient et me proposaient toutes sortes de sorties. Je vivais comme dans un état second. Je n’étais jamais allée en Europe et c’était ma première expérience d’un voyage de cette nature.

Je voulais mettre toutes les chances de mon côté afin de profiter au maximum de mon dépaysement.

J’étais rassurée sur le fait que j’aurais une chambre pour moi toute seule et que je pourrais me reposer autant que j’en aurais besoin, c’était primordial pour moi. Si j’avais tout le repos que nécessitait ma condition, je pourrais passer au travers.

Je commençai graduellement à en parler à mes autres correspondants et correspondantes lointains, j’en avais huit avec qui j’avais de très bons rapports et avec qui je communiquais depuis déjà quelques mois.

Six m’ont encouragée à tenter l’expérience et m’ont invitée ; les deux autres ont cessé toute communication. Elles avaient probablement peur de me voir rebondir chez elles avec mes bagages ; pourtant ce n’était pas du tout mon intention. Je crois que c’est quand nous mettons les gens à contribution que nous reconnaissons nos vrais amis.

Parmi mes six correspondants, il y avait quatre femmes et deux hommes, nous avions déjà établi de bons rapports et la communication était assez régulière.

La première, MF demeurait à Nantes et tout de suite, elle m’invita à aller la visiter; une autre, Miche, m’assura qu’elle serait heureuse de me rencontrer, si c’était possible. Une autre bonne amie demeurait à Jérusalem, mais était française et devait venir passer ses vacances en France et exprimait son désir de faire ma connaissance, elle me demandait mon emploi du temps.

Josette me demandait mon itinéraire afin de voir s’il y avait des possibilités de rencontre.

Mon ami correspondant de la Suisse, m’invitait aussi, enfin mon bon ami Roger, parisien qui venait de déménager près de la mer, était bien déçu de voir que nous n’aurions pas la possibilité de nous rencontrer.

J’étais subjuguée de tant de chaleur, je vivais sur un nuage. Chaque jour, il y avait du nouveau et l’itinéraire commençait à se préciser. Bien entendu, je fis beaucoup de recherches sur Internet, j’étudiais les cartes afin de visualiser les distances qui me séparaient de ce beau monde et étudier les possibilités qui s’offraient à moi d’aller à la rencontre de mes amis virtuels.

Jean était sous l’impression que je partais pour une semaine ; à force de discussions, il fut convenu que si ça dépassait 18 jours, mes valises seraient à la porte et qu’il n’était pas nécessaire que je revienne… hi hi….

Bien entendu, je comprenais que pour lui c’était très difficile de me voir partir ainsi; ça faisait 44 ans que nous étions mariés et il acceptait très mal de nous voir séparés aussi longtemps. Il a toujours voulu me protéger de tous les dangers et là il me voyait privé de sa protection et il était inquiet.

Je pensais partir pour trois semaines, cela m’aurait donné assez de temps pour rencontrer mes amis, mais je crois que 18 jours étaient très raisonnables. Je planifiai donc de me rendre à Lille et à Nantes, pour terminer à Paris.

Je lui conseillai donc de se trouver un projet à faire pendant mon absence. Il y avait plusieurs possibilités, car nous habitons une maison ancienne qui nécessite toujours quelques améliorations.

Il me mentionna qu’il aurait aimé enlever la parqueterie dans la cuisine pour la remplacer par de la tuile. Nous sommes allés ensemble choisir une tuile qui s’harmoniserait bien avec les couleurs existantes dans la pièce.

Jean a des mains de créateur, il peut faire n’importe quoi ; il est très ingénieux, mais il ne s’occupe pas beaucoup de la décoration et de l’harmonie des couleurs, ainsi, s’il décidait d’effectuer ce travail, j’étais certaine que ça serait à mon goût. Il était cependant très libre d’effectuer ou non ce travail. Nous étions rendus au mois de mai. Le temps passait très vite et en même temps très lentement. Je racontais mon histoire à tout le monde.

J’étais comme un enfant qui découvre la cachette du Père Noël.

Une journée, où nous étions aux Galeries d’Anjou, Jean discutait pendant mon absence avec un professeur à la retraite. La communication sur Internet est devenue le sujet de conversation.

Jean avait commencé à parler de mon projet de voyage. Je suis arrivée sur les entrefaites et comme j’étais très volubile, l’épouse du professeur est arrivée, se mêlant ainsi que plusieurs personnes qui s’étaient arrêtées et prenaient part à la conversation.

Nous formions bientôt un cercle d’une dizaine de personnes de plus de 50 ans. Je dois dire que c’est plutôt moi qui alimentais la conversation pendant un peu plus d’une heure et les questions fusaient de toutes parts; comment cela avait-il commencé ?

Est-ce que ça faisait longtemps que je travaillais avec l’ordinateur ?

Que me disaient les jeunes élèves ? Etc., etc.

Ces gens, que je ne connaissais pas du tout, étaient très intéressés par mon récit et trouvaient mon histoire très stimulante. Ils ne connaissaient pas très bien les possibilités que pouvait offrir le branchement à Internet et ils trouvaient mon aventure formidable.

De l’autre côté de l’Atlantique, les élèves continuaient à communiquer régulièrement et me disaient comment ils travaillaient à préparer ma venue.

Avec Denis, le dialogue se poursuivait plus difficilement, à cause de son emploi du temps. Il était si occupé que nous avions de la difficulté à nous rejoindre pour planifier quoi que ce soit. Je commençais à être un peu inquiète, car je voyais combien son horaire était chargé et son temps libre presque inexistant.

Il me rassura en me disant qu’il s’était gardé du temps pour me recevoir chez lui. Mettant de côté toutes mes inquiétudes, je décidai de lui faire confiance à 100 %.

Marie-Françoise de Nantes, m’envoyait des messages de bienvenue et me donnait toutes les informations concernant les moyens de transport que j’avais à ma disposition pour me rendre chez elle.

Le TGV qui partait de Lille pour se rendre directement à Nantes, je croyais y aller une ou deux journées, mais elle me dit qu’elle me voulait pour au moins quatre jours, il en fut donc convenu ainsi.

Denis me donna les coordonnées d’un ami québécois qui lui aussi, devait se rendre, en juin, à Roubaix. Il pensait que ça pourrait me faire un compagnon de voyage au cas où nos départs seraient les mêmes. Cela pourrait ainsi sécuriser Jean qui s’inquiétait toujours de me voir partir seule.

Par la suite, nous avons donc commencé une correspondance, Serge et moi, et nous sommes devenus, au fil de nos échanges, de bons amis. Cependant, nous n’avons pas pris le même avion, car lui arrivait à Bruxelles et moi, je tenais beaucoup à visiter Paris.

Un soir, alors que je communiquais avec MF de Jérusalem, je lui fis part de la relation privilégiée que j’avais avec les Marie Françoise, car j’avais aussi pour grande amie, ici au Québec, qui s’appelait Françoise.

Elle me répondit aussitôt en me demandant si le nom de famille de l’autre MF ne serait pas par hasard XXX. Je lui répondis par l’affirmative, c’était vraiment une coïncidence extraordinaire! Par un heureux hasard, moi, du Québec, je communiquais avec les deux! Nous étions toutes les trois ravies de cet état de choses et après quelques précisions, nous réussissions à établir notre emploi du temps afin de nous rencontrer durant les quelques jours que je passerais à Nantes.

MF de Jérusalem qui serait en vacances à une centaine de kilomètres de là, au mois de juin, devait communiquer avec l’autre MF pour fixer un rendez-vous.

Pour Miche et Jo, c’était impossible que je les rencontre, car la distance était trop grande, mais je promis de les appeler. Pour mes deux correspondants masculins, c’était la même chose. Roger, surtout, était très déçu qu’on n’ait pas la possibilité de faire plus ample connaissance.

Avec lui, j’avais une relation privilégiée. Tout de suite, nous avions été sur la même longueur d’onde et nous éprouvions beaucoup de plaisir à chacune de nos rencontres sur Internet. C’est un pince-sans-rire qui a un sens de l’humour assez marqué et nous nous répondions du tac au tac sur ICQ.

Dans une communication écrite, il est très difficile de faire des farces afin qu’elles soient prises comme telles. Nous n’avons pas le ton ni les expressions du visage de notre interlocuteur pour nous faire une idée juste de ce qui est dit, c’est statique, il faut parfois faire quelques mimiques (( :-))) pour appuyer le sens qu’on veut bien donner à la phrase ou à l’exposé.

Chaque fois que je parlais avec Roger de mon futur voyage, je lui mentionnais toujours Lille comme lieu principal de ma destination. Il me disait être très déçu de ne pas pouvoir me recevoir durant mon séjour à Paris. Je partais le 6 juin et déjà nous étions à la fin de mai. Il restait à planifier ces derniers jours. Au début, je croyais que Denis pourrait venir passer ces derniers jours en même temps que moi à Paris, nous aurions pu visiter. Impossible, il était de garde pour surveiller les examens et ne pouvait vraiment pas se faire remplacer.

Je comprenais parfaitement et je me préparais donc mentalement à passer ces trois jours, seule, à Paris. Je savais bien que je ne pourrais pas visiter comme je le voudrais et que je serais probablement plus souvent dans une chambre d’hôtel, mais je ne m’en faisais pas outre mesure. Je faisais aussi confiance à ma bonne étoile.

Quand Roger apprit cela, il me proposa donc de demander à sa sœur qui habite Paris de m’accueillir et me faire visiter la ville naturellement, j’étais ravie. Il s’empressa de communiquer avec sa sœur. Bien déçu, il m’informa que malheureusement elle partait en vacances justement durant cette semaine-là. Il s’en voulait d’avoir suscité chez moi quelques espérances. Je le rassurai et lui dis que je comprenais parfaitement la situation.

Je gardais confiance que tout s’arrangerait puisqu’il avait pris l’engagement de régler tous mes problèmes en tant qu’ange gardien attitré. Quelques jours avant, il m’avait envoyé une carte de souhaits en me disant qu’il serait mon ange gardien et qu’il s’engagerait à veiller sur moi (;-) alors avec une telle déclaration, pourquoi m’en faire…

À quelques jours de mon départ, j’étais occupée à écrire une lettre à MF quand Roger me demande un chat sur ICQ. Je lui répondis aussitôt que je pus, l’avertissant que je serais disponible dans quelques instants, juste le temps de finir et d’envoyer le message à l’amie qui m’hébergerait à Nantes…

Hein !! Quoi !! Tu viens à Nantes durant ton voyage ? Mais c’est tout près de chez moi !! Nous étions très excités tous les deux, car de nouvelles perspectives s’ouvraient devant nous et nous offraient la possibilité de nous connaître. Roger me demanda les coordonnées de mon hôte afin qu’ils trouvent tous les deux un endroit de rencontre durant ces quatre jours.

Il me dit aussi qu’il tiendrait ses promesses de me trouver un guide pour Paris. J’étais comblée, je pouvais partir tranquille.

De leur côté, les deux M F, avaient fait un arrangement pour la rencontre qui devrait avoir lieu le mercredi qui coïncidait avec la vacance de MF de Jérusalem

Roger me contacta avant mon départ pour me dire qu’il m’avait enfin trouvé un guide qualifié pour me faire visiter Paris, guide qui m’offrait même le gîte.

Je refusai gentiment le gîte, j’avais déjà réservé une belle chambre d’hôtel au centre de Paris et là je me sentirais plus à mon aise de cette façon, mais j’acceptai le guide avec reconnaissance.

Et c’est ainsi que toutes les pièces du puzzle se plaçaient d’elles-mêmes pour ma plus grande satisfaction.

Quand Jean avait appris que j’irais habiter cher Denis, il m’a dit que ce n’était pas très recommandable que j’aille habiter chez lui alors je lui dis que c’était un homosexuel et que c’étaient habituellement les meilleurs compagnons qu’une femme pouvait avoir. Il m’a demandé comment je savais cela je lui ai répondu que j’en étais certaine.

Plus tard j’envoyé un message à Denis lui disant que j’avais l’impression que je m’en allais dans un monde d’hommes. Il a répondu tout de suite, en effet !

Nous n’avions jamais soulevé ce sujet et il était sans doute inquiet de ma réaction mais je lui confirmai que c’était parfait.

Nous avions tellement communiqué depuis quelques mois que je me doutais qu’il n’y avait pas de femme dans sa vie et que de la manière qu’il parlait de ses élèves, c’était un gars fiable et moi ça me suffisait.

Le temps était donc arrivé pour moi de partir vers l’accomplissement de mon rêve, Jean était maintenant rassuré et la planification avait été faite afin que tout le monde impliqué dans ce projet ait une copie de mon itinéraire.

Le voyage se prépare

Jean était plus rassuré, et maintenant il se réjouissait de voir que tout était bien planifié et organisé. J’avais continuellement des personnes prêtes à m’apporter leur support partout où j’allais, il était enfin sécurisé.

Quand je parlais de mon futur voyage, des gens me voyaient si excitée qu’ils me disaient que je serais peut-être déçue. Ils pensaient que je n’étais pas très réaliste de penser que tout se déroulerait comme je le souhaitais.

Ce voyage n’était pas comme un autre. Je trouvais qu’il sortait du commun. Il était uniquement basé sur la confiance réciproque avec des gens que j’avais commencé à connaître de l’intérieur ; des gens à qui j’avais fait beaucoup de confidences, qui m’en avaient fait et que je savais aussi sincères que moi.

Au fil de nos échanges, j’avais appris à croire en eux et je me fiais à mon jugement qui habituellement était assez juste.

Pour Jean et tous ceux que je devais rencontrer, j’avais tout mis par écrit et ils pouvaient toujours suivre mon itinéraire. C’était rassurant. J’avais donné un cours 101 à Jean pour ouvrir un courriel et y répondre et si besoin, une voisine était prête à l’aider

La journée de mon départ, le 6 juin, j’étais très fébrile. Je vivais comme dans un rêve et j’avais un peu peur de me réveiller. J’y croirais lorsque je serais dans l’avion.

Jean était venu me conduire à l’aéroport de Mirabelle. Comme mon avion avait un peu de retard, je lui conseillai de ne pas attendre inutilement. Il avait l’air tellement malheureux, ça me faisait mal au cœur de le voir comme cela. Tout avait été dit et je ne voyais pas l’utilité de rester tous les deux à attendre.

Je crois qu’il avait aussi hâte de retourner à la maison car il y avait comme un malaise entre nous; nous n’avions plus rien à nous dire. Je crois que j’étais trop absorbée par cette aventure pour être vraiment présente pour lui.

Je me préparais à connaître d’autres cieux mais, avant tout, ce qu’il y avait de plus important pour moi, c’était la rencontre des personnes avec qui j’avais tissé des liens. Je me disais que c’était un beau cadeau que la vie me faisait et j’étais bien décidée d’en profiter au maximum.

Pendant tous ces mois, la communication avec les jeunes avaient été régulière et je sentais maintenant l’impatience des jeunes qui préparaient ma venue. Denis m’avait dit que plusieurs prenaient même leurs périodes de récréation pour fabriquer des petites surprises pour moi. Il n’arrivait plus à les contenir.

Enfin le départ !

Je m’étais organisée pour dormir dans l’avion, bouchons, turban pour les yeux, oreiller et couverture. Il était 22 heures et je devais arriver, six heures plus tard (avec le décalage horaire, à 11 heures et demie, heure de Paris).

Mais ce n’est pas aussi facile de dormir comme on veut sur un vol de cette durée, il y a les repas et toutes les interruptions qui s’imposent. Aussi, vers minuit, après avoir pris un repas je comptais bien me reposer quelques heures.

Il était près de deux heures quand j’ai ouvert les yeux. Lorsque je m’étais endormie, il faisait complètement nuit et déjà, c’était l’aurore. Je me croyais à la fin de mon voyage, mais non… Je me sentais cependant très bien éveillée. J’ai alors refermé les yeux et j’ai commencé mentalement à faire connaissance avec plein de monde.

Sans juger personne, quand on a une correspondance suivie avec quelqu’un, on se fait une idée de sa personnalité sans connaître son physique. On l’imagine d’une certaine façon, toujours sur l’impression que l’on a. Par écrit c’est encore plus difficile car l’écriture est statique et ne nous transmet pas toujours les émotions, jamais le timbre de voix et rarement un ensemble complet de l’individu.

On nous met souvent en garde sur les renseignements de nouveaux correspondants et c’est vrai que ce n’est pas toujours représentatif car les renseignements ne sont pas toujours conformes à la réalité mais je crois que lorsque ce n’est pas sincère ça ne dure pas très longtemps. Moi au départ je les informais de mon âge, que j’étais mariée et que je ne cherchais pas d’histoire alors le trie se faisait tout seul.

Comme je l’avais fait à maintes reprises, je repassais donc dans ma tête, la liste des correspondants que je rencontrerais et avec qui j’avais eu le loisir d’échanger beaucoup. C’est pourquoi, je disais que je les avais connus de l’intérieur et j’allais à leur rencontre en tout confiance.

Je visualisais donc, en suivant mon itinéraire, Denis, Marie Françoise, Roger, Marie Françoise de Jérusalem ainsi que Serge dont j’ignorais encore le moment de la rencontre. Je pensais à tous mes petits amis du collège en me demandant si le courant passerait autant que sur Internet. C’est en pensant à toutes ces personnes que je traversai l’océan pour me retrouver à Paris sans m’en rendre vraiment compte.

J’étais certaine que Denis serait là à ma rencontre. Il me l’avait promis! Il m’avait offert de venir me chercher à Paris, même si j’avais dit que je pourrais prendre le TGV. Il trouvait que ça serait plus facile pour moi et comme il avait raison mais je ne voulais pas m’imposer.

Durant les 9 mois de communication, il s’était peu livré et je ne savais pas grand` chose de lui, sinon le principal que j’avais ressenti, c’est-à-dire qu’il était un gentilhomme et que je pouvais me fier à lui.

Pour qu’il me reconnaisse, je lui avais dit que je serais habillée d’un ensemble jaune citron et que je me doutais qu’il n’y aurait pas beaucoup de serins de mon genre qui débarqueraient à Charles de Gaule ce matin-là.

Je n’avais pas beaucoup de points de repère pour le reconnaître mais aussitôt que je le vis parmi la foule, je sus que c’était lui, même s’il n’avait pas eu une pancarte à mon nom, je l’aurais su immédiatement.

J’étais partie de Montréal à 26 degrés, je débarquais à 13 degrés avec des grands vents. Je n’étais pas vraiment habillée pour affronter ce froid mais l’excitation aidant, j’ai passé au travers.

Tout le long du trajet vers Roubaix, tout près de Lille, qui dura quelques heures, nous avons bavardé comme deux grands amis qui se retrouvent après une très longue séparation. Nous étions très à l’aise tous les deux. Il souhaitait que tout soit parfait pour mon arrivée chez lui où j’étais attendue. A trois ou quatre reprises, il appela chez lui pour dire où nous étions rendus et s’informer si tout était en place.

Lorsqu’il m’avait invitée, il m’avait dit que je serais reçue comme une reine et c’est ce qui s’est produit. Rien n’avait été épargné. Son ami Pascal et sa famille m’attendaient à son appartement. Les fleurs et le champagne étaient là aussi pour me souhaiter la bienvenue.

Les enfants de Pascal et Lysiane….

Ludovic, Frédéric et Magali, m’offrent des fleurs pour ma chambre

Mon hôte Denis avec qui j’avais communiqué pendant des mois mais que je n’aurais pas reconnu si je l’avais croisé sur la rue.

Lysiane, l’ex-épouse de Pascal

Bien que fatiguée, je me sentais très bien. Pour moi, il était 6 heures du matin mais je fis quand même honneur à l’excellent repas préparé par Pascal. Le climat était à la fête et ces premières heures sur le sol de France me confirmaient que j’avais bien fait d’aller au bout de mon rêve.

Il se dégageait beaucoup de chaleur de ce petit groupe et je me sentais attendue et acceptée. Fleurs, champagne, à 6 heures 30 du matin… wow… petits canapés, rôti de bœuf avec accompagnement et gâteau St-Honoré.

Pascal dont j’avais entendu parler quelques fois s’était surpassé, l’adrénaline avait fait son œuvre et j’étais aux anges… Nous avons parlé durant des heures autour de la table jusqu’à ce que je décide enfin d’aller prendre un peu de repos.

Je me suis couchée sur la fin de l’après-midi. Nous avons parlé pendant quelques heures durant la soirée, paraît-il…  mais je n’en ai aucun souvenir.

Ici, mon hôte Denis avec son très beau chat Toupie dans son bureau. C’est de là que je pouvais communiquer avec mon mari tous les jours.

En France ce n’est pas le même système que nous avons pour facturer les communications sur Internet, c’est assez dispendieux. Je ne sais pas au juste comment les frais se calculent, mais aux heures de grande affluence c’est plus dispendieux.

Moi, qui étais habituée à ne rien calculer chez moi, je devais faire attention et me débrancher aussitôt les messages entrés ou partis. Bien entendu, Denis ne m’avait pas limitée mais je ne voulais quand même pas lui monter un compte trop salé.

J’habiterais donc, pour la durée de mon séjour à Roubaix, dans le bel appartement de Denis, au 2e étage. C’était très propre et assez vaste, avec de grandes fenêtres dans chaque pièce favorisant ainsi l’entrée de la lumière.

Tout de suite je me suis sentie chez-moi. Dans un coin de la grande pièce de séjour, il y avait un beau petit secrétaire qui semblait attendre que je m’y installe pour lire ou pour écrire.

Mes hôtes partaient tôt pour le travail et revenaient à la maison vers 13 heures, ce qui me donnait amplement le temps de faire la grasse matinée et de me préparer pour une sortie.

La température était assez fraîche, ça ressemblait beaucoup plus à celle du Québec au début de mai. J’avais beaucoup de vêtements mais pas pour une température de 13, 14 ou 15 degrés. Heureusement que j’avais apporté mon imperméable.

Pour cette première journée de visite, nous sommes allés en Belgique, à Tournay. Nous avons visité une très belle cathédrale à 7 clochers. C’était immense. Il y avait des réparations à l’extérieur, l’architecture était de toute beauté. Des tableaux de grands maîtres y sont exposés en permanence et nous pouvions voir les ravages que les guerres avaient laissés sur ces magnifiques œuvres.

Nous avons pris une consommation à la Grande Place et nous sommes promené au centre-ville. Ça ressemblait un peu au vieux Québec avec ses rues achalandées et ses boutiques disparates.

C’est là que j’ai refusé du bon chocolat belge, je le regrette encore !

La vue de la Cathédrale à sept clochers.

C’était la première fois que j’allais en Europe et que je visitais des lieux qui avaient soufferts de la guerre, on en voyait encore les dommages sur les édifices J’imaginais les souffrances et les sacrifices que les gens avaient eus à faire face tout au long des conflits.

C’est très riche comme enseignement de visiter d’autres pays et il y a une histoire à chaque tournant. Moi je n’ai pas connu ces grandes guerres des siècles derniers, heureusement… mais ça me laisse songeuse et me fait davantage apprécier mon sort et mon pays.

Nous sommes revenus à l’appartement pour souper et nous avions notre cuisinier attitré en la personne de Pascal. Il s’est dévoué comme si j’étais quelqu’un qui lui était très cher, et pourtant nous ne nous connaissions que depuis quelques heures.

Dans la soirée, j’ai fait mon repassage, mes deux compagnons étaient là devant moi, toujours prêts à m’aider et nous avons échangé de tout et de rien. Cette soirée demeure pour moi, un très beau souvenir.

C’est assez tôt que j’ai regagné ma chambre. Mardi était une très grosse journée, la fameuse rencontre avec mon fan-club. J’avais eu le temps de dormir beaucoup et le décalage horaire ne me dérangeait pas trop. J’étais bien contente, car les informations que j’avais eues sur la difficulté de traverser cette étape m’avaient un petit peu inquiété. Je voulais tant profiter au maximum de mon voyage.

Les rencontres tant attendues se déroulaient en deux volets; le mardi c’était la première rencontre avec la direction, les élèves, professeurs lors d’un pique-nique à l’extérieur du collège. Le vendredi c’était plutôt protocolaire avec les dignitaires et personnes influentes, professeurs, quelques élèves et la presse.

Ce mardi, c’était un grand jour pour moi et pour les jeunes que je me préparais à rencontrer. Quand nous sommes partis, Denis et moi, pour le collège de Provin, la température était assez fraîche. Je me demandais comment je pourrais passer cette journée à l’extérieur. Il y avait un pique-nique de prévu avec une grande partie des élèves qui avaient communiqué avec moi sur Internet tout au cours de l’année.

Quelques semaines avant de les rencontrer, j’étais un peu inquiète de connaître les réactions qu’ils auraient en me voyant. Ils m’avaient tellement mise sur un piédestal en m’imaginant en super héros, en cyber-mamie que je ne voulais pas les décevoir. Mais comme je n’avais jamais caché mon âge et les avais mis en garde, je m’en allais confiante à leur rencontre.

Je fus reçue par la directrice, Madame Crevel, qui me présenta tout son personnel en me souhaitant la bienvenue. Elle me remerciait d’avoir passé autant de temps avec les enfants et elle se disait un peu dépassée par l’envergure qu’avait pris ce projet.

Cette carte était personnalisée pour le pique-nique du mardi et pour le la rencontre avec les dignitaires et invités de marque qui se déroulerait le vendredi

Après la rencontre avec la directrice, nous nous sommes dirigés ensuite dans le hall où m’attendaient plus de soixante élèves. Je ne pouvais pas manquer la décoration car mon nom était affiché partout sur les murs et sur des banderoles du rez-de-chaussée.

Bientôt je fus entourée de toutes parts et chacun se pressait pour m’offrir, fleurs, cartes et cadeaux ; tous avaient un beau sourire. Je leur demandais de s’identifier et je pouvais tout de suite savoir à qui je m’adressais, car j’avais tellement passé de temps avec eux au travers leurs confidences.

Je pouvais dire l’histoire de plusieurs d’entre eux. Ils n’avaient pas été juste des noms, mais des personnes à part entière tout le temps.


Nous étions sous le charme et quand je pouvais apporter un renseignement les concernant, par exemple, j’avais trois Amélie; est-ce celle qui aime les chevaux ? Celle qui a deux frères ou celle qui rencontre des difficultés en français.

Je leur demandai comment ils me voyaient dans leur imagination? « Beaucoup plus grande et beaucoup plus vieille.  » Une me dit :  »ça ne se peut pas que tu aies l’âge de ma grand-mère, vous n’êtes pas du tout pareilles toutes les deux  » ha … plusieurs me disaient que leurs grands-mères ne savaient pas aller sur Internet; je répondis que c’était beaucoup plus facile en Amérique.

Tout au cours de notre correspondance, plusieurs me disaient qu’ils ou qu’elles se sentaient plus importants(es), que je les avais traités(es) comme tels et tous pouvaient réaliser que c’était vrai, car même s’ils étaient nombreux, ils étaient tous uniques pour moi.

J’entendais toutes sortes de commentaires, ils me trouvaient petite, car presque tous me dépassaient ; ils trouvaient que j’avais de drôles d’expressions, ne comprenaient pas toujours ce que je disais, plusieurs me dirent qu’ils ne m’imaginaient pas comme cela.

Je rencontrais enfin ces jeunes qui avaient peuplé mes rêves et avec qui j’avais passé la majeure partie des dix derniers mois. Je pouvais enfin mettre un visage sur ces enfants qui avaient été si présents dans ma vie et avec qui j’avais créé des liens si facilement.

Je crois que pour eux aussi c’était un grand jour, je le voyais dans leurs yeux inquisiteurs. Certains m’avaient fait confiance en me révélant des choses très personnelles et ils m’étaient devenus très chers. Je les aimais beaucoup inconditionnellement et j’espérais que les quelques petits conseils que je leur avais donnés par le biais de mon livre, et surtout par les lettres personnalisées leur seraient profitables un jour.

Enfin je crois que j’ai passé l’examen tout ce beau monde semblait heureux.

Un arbre trônait au milieu du hall et les feuilles étaient faites de pages multicolores. Certaines ne contenaient que Wilda, écrit en gros caractères. Une multitude d’autres contenaient une partie des centaines de messages échangés au cours des mois de notre correspondance active.

Cet étudiant avec été mandaté pour m’escorter dans les différentes salles où avait lieu une exposition des activités pratiquées au cours des dix années de vie du collège.

Celui-ci avait été bien spécial car grâce à la confiance qu’il m’avait accordée tout au long de nos nombreux échanges, nous avions réussi a réglé un important conflit familial qui dégénérait. Il est tout épanoui et c’est avec plaisir que je le retrouvais.

Après avoir rencontré plusieurs étudiants nous nous sommes dirigés à l’extérieur, le parc était tout près où devait avoir lieu la dégustation.

Il faisait très beau même si c’était un peu frisquet pour moi qui m’attendais a plus de chaleur pour le mois de juin.

Quelle belle journée pour une rencontre informelle à l’extérieur pour réunir les élèves qui avaient participé à ce méga projet d’apprivoiser Internet par la correspondance.

Nous nous sommes alors dirigés dans un petit bois près du collège pour le fameux pique-nique. J’avais apporté près de 80 petits cadeaux du Québec que je voulais faire tirer au hasard. J’avais préparé des papiers afin que chacun et chacune s’inscrivent.

Au lieu de signer leur nom, ils m’ont apporté ce papier pour que je leur signe un autographe. C’est donc pendant plusieurs minutes que j’ai rempli cette agréable tâche qui était bien nouvelle pour moi.

Ici je joue à la vedette !

Le tirage s’est fait par la suite d’une autre manière. Les petits souvenirs, dont une dizaine de petites aquarelles que j’avais faites spécialement pour l’occasion, se sont envolés dans l’enthousiasme général.

Après le repas en plein air, ils se sont tous assis autour de moi et ils m’ont posé des questions pendant une bonne heure, tous étaient attentifs. Denis leur professeur, s’est adressé au groupe en leur disant que j’avais probablement un pouvoir magique pour retenir l’attention de 60 élèves aussi longtemps, surtout à l’extérieur.

Tous semblaient à l’aise car pour eux je n’étais pas une inconnue car nous avions tellement communiqué que nous faisions tous partie de l’aventure.

Ici, vous me voyez les mains jointes comme si je m’apprêtais à prier. La question posée… »quand on parle des Québécois on dit toujours  »tabarnacle » pourquoi ? »

J’avais envie de rire. Je leur demandai quelle était leur définition de ce mot. Elle était sensiblement la même que pour nous, excepté qu’effectivement, ce mot ou cette expression faisait partie du langage châtié de trop de gens qui s’en servent comme patois et l’utilisent à tout propos au cours de leurs conversations.

Je leur ai expliqué aussi que pour plusieurs personnes, ce mot changeait de sens selon l’intonation et l’expression qu’on avait en le prononçant.

J’ai cependant dit que ça ne faisait pas partie de mon vocabulaire ni de celui de personnes bien élevées. Il y eut quelques autres questions un peu loufoques qui ont fait que la rencontre s’est terminée dans la joie.

Plusieurs me parlaient de mon livre qu’ils avaient lu en partie et l’avaient apprécié, il manquait quelques chapitres, mais la version finalisée serait à leur disposition à la bibliothèque du Collège Étienne Dolet.

Ils s’informaient aussi :  »serais-je encore fidèle aux élèves en septembre ? » Je les ai rassurés en leur disant que ça me ferait très plaisir de continuer, que la décision de donner suite à ce projet ne dépendait pas de moi, mais si c’était possible je ne les abandonnerais pas et que je serais au rendez-vous. Comme vous pouvez facilement l’imaginer, cette journée était pas mal fatigante, mais combien enrichissante pour chacun de nous.

On m’offrit différentes petites cartes ou pensées dont je vous en partage quelques-unes.

 

À la rencontre avec madame la directrice, elle m’avait remis un exemplaire du Livre de Wilda. Ça m’avait fait tout drôle de le voir autrement que sur mon écran d’ordinateur. Il était là devant moi de façon concrète.

C’était une version un peu différente car cela avait été fait avec mes écrits, des notes et histoires que les élèves ajoutaient ici et là sur leurs perceptions de ce qu’ils avaient découvert au cours de notre correspondance.

Comme Denis m’expliquait, ils n’avaient pas eu le temps de le relier mais la présentation était quand même très présentable. Ils avaient fait un montage avec les photos les plus représentatives des événements que j’avais vécu dans ma jeunesse et que j’avais envoyé au fil de nos échanges.

En revenant à la maison, j’étais assez émue en feuilletant ce livre. Il avait représenté tellement de défis pour moi.

Tout au long de ce long parcours, juste le fait d’écrire autant avec un ordinateur qui m’était parfaitement inconnu au départ, ma mémoire qui flanchait, me familiariser avec cette boite a miracle me demandaient plusieurs heures. Je ne pouvais compter que sur moi-même pour apprendre et à découvrir la façon de travailler avec cette petite merveille.

Je n’avais pas non plus mon doigté à ce moment-là, je l’ai appris sur le tas comme on dit. Je ne connaissais pas non plus le logiciel Word avec lequel je travaillais…. J’apprenais en même temps que des élèves de 9 à 13 ans.

Je me rendais bien compte aussi que la maladie avait fait son œuvre et mon intellect n’était plus ce qu’il était, je devais fournir des efforts constants pour offrir un document de qualité.  Tout cela se faisait en parallèle avec les nombreux messages individuels que je continuais à envoyer à mes nombreux jeunes correspondants. Je ne voulais pas négliger les autres correspondants que j’avais non plus.

Il y avait aussi l’émotion qui m’habitait tout au long de mes écrits. Je devais constamment entrer en moi pour me souvenir d’un fait ou d’un détail qui venait se rajouter apportant ainsi, pour le lecteur, une meilleure compréhension des faits rapportés.

J’avais voulu offrir un volume de qualité, écrit dans un bon français. Je me rendais compte que malgré l’affirmation qui m’avait été faite à l’effet que les fautes seraient toutes corrigées, qu’il y en avait encore plusieurs présentent dans le document présenté. Denis débordé n’avait pas eu le temps de le vérifier une dernière fois.

Vendredi, le 11 juin.

C’était la date choisie par la direction du Collège Étienne Dolet pour souligner le dixième anniversaire du collège.


Ce jeudi matin, Denis était parti assez tôt. Même s’il y avait fête, les cours se poursuivaient et les derniers préparatifs sollicitaient la présence du personnel.

Comme j’avais plusieurs heures à passer avant la réception, une collègue de travail de Denis vint me chercher dans l’après-midi pour me faire visiter la ville de Lille.

Cette jeune femme était très gentille. Tout de suite, le courant à passé entre nous. Nous nous sommes dirigées au centre de la ville après avoir fait un petit tour dans les environs. Cela qui me donna une bonne idée de cet endroit qui semble avoir une histoire assez riche. Je vous donne ici l’information que je pouvais lire sur un site Internet.

C’est au XIème siècle qu’apparaît pour la première fois le nom de Lille, orthographié à l’époque « L’Isle » de par la situation du château du comte de Flandre, cœur de la ville, construit sur le sec mais entouré de marécages. Lille et sa région ont passé les siècles qui suivirent à faire l’objet de conquêtes de la part des Flamands, des Français, des Habsbourg ou des Espagnols.

Le comte de Flandre, allié au Saint empire Romain Germanique et à l’Angleterre, vit ses terres passer sous domination française suite à la bataille de Bouvines en 1214.

Puis, de mariage en alliance, d’héritage en guerres, ceci constitue aujourd’hui une grande partie du Nord-Pas de Calais. C’est ainsi que cette région passa sous drapeau espagnol au XVIème siècle, avant de passer à nouveau en France après le mariage de Louis XIV avec l’infante d’Espagne Marie-Thérèse. Française à compter de cette date, la région subit de plein fouet les guerres royales et les nombreuses invasions germaniques.


Depuis la fin du XIXème siècle, la richesse de la région a été assurée grâce au charbon et au textile, industrie majeure encore très présente dans la région aujourd’hui.

Lille présentée comme la plus belle ville d’Europe.

Nous nous sommes promenées dans les rues de cette belle ville chargée d’histoires, attendant ainsi de retourner au collège où avait lieu la réception du collège où des notables, des représentants de la République et des gens importants de la région étaient attendus.

Au collège, comme prévu, il y avait foule et lors de la conférence de presse Madame Clavel rappela les dix années de ce collège, termina son allocution par quelques mots pour parler de ce projet qui sortait des sentiers battus et me souhaiter la bienvenue parmi eux. Elle me présentait le livre de Wilda.

Ouverts aux invités, il y avait plusieurs montages préparés par les élèves du collège et qui représentaient toutes les activités offertes dans ce collège durant les dix dernières années. C’était très intéressant et les invités ne manquaient pas de lieux d’intérêts.

Comme mardi, les banderoles étaient toujours présentes et nous ne pouvions certainement pas les manquer.

À la conférence de presse avec madame la directrice et les hauts dignitaires, elle m’avait remis un exemplaire du Livre de Wilda. Ça m’avait fait tout drôle de le voir autrement que sur mon écran d’ordinateur. Il était là devant moi de façon concrète.

Comme Denis m’expliquait, ils n’avaient pas eu le temps de le relier mais la présentation était quand même très présentable. Ils avaient fait un montage avec les photos les plus représentatives des événements que j’avais envoyé au fil de nos échanges.

Ce soir-là on m’a remis un exemplaire des quatre livres présentés :

  1. Le Livre de Wilda : qui devait se retrouver à la bibliothèque en plusieurs exemplaires.

b) Wilda.Com : recueil d’une grande partie des messages échangés durant ces mois de communication avec les élèves.

c) Wild@ : Histoires inventés par les élèves tout au long de notre correspondance, on m’appelait La Cyber Mamie et c’étaient des histoires inventées par les élèves dont j’étais l’héroïne.

d) Voyage dans la Jungle Urbaine : un itinéraire préparé spécialement pour mon petit séjour à Paris qui contenait une dizaine de pages.

Deux élèves choisis pour me présenter le guide de la visite de Paris, Voyage dans la Jungle Urbaine. Itinéraire que les élèves avaient préparé pour moi afin de faciliter mon passage à Paris.

Il comprenait une dizaine de pages sur les principaux endroits à visiter.

On dit que la vérité sort de la bouche des enfants.

Ce sont les élèves accompagnés de leur professeure qui m’expliquent comment me servir du guide de Paris. Ils avaient travaillé très fort pour m’offrir un document si bien préparé…

La dame reporter m’interviewa et prit un exemplaire de mon livre qui était présenté lors de cette conférence de presse.

Elle avait auparavant entendu parler de notre projet et m’a dit avoir trouvé cette aventure très intéressante et hors du commun.

L’article de mon entrevue devait sortir dans les journaux régionaux dans quelques jours. Malheureusement, j’étais déjà partie quand l’article est paru et tout le monde était en vacances. Je n’ai donc pas vu l’article. J’aurais bien aimé en avoir un exemplaire mais….

Les textes qui se trouvaient dans Wilda.com étaient tous très intéressants; les élèves avaient vraiment travaillé très fort.

Ils avaient eu à se casser la tête et faire marcher leur imagination pour écrire leur histoire. Bientôt il y a eu de la compétition entre les groupes, chacun voulant surpasser les autres groupes.

Je vous mets une histoire que j’avais reçue ici et que j’avais imprimée.

Je me régalais de leurs récits que je ne comprenais pas toujours car on m’amenait dans la galaxie, me mêlant quelques fois aux acteurs de films de fiction. Une chose cependant se retrouvait dans chaque histoire, j’étais toujours l’héroïne et j’avais toujours un sauveur qui me protégeait de tous les dangers.

Un magnifique buffet nous était offert et les échanges entre les convives étaient fort animés. Tout s’est bien passé et les quelques élèves présents me suivirent pas à pas. Ils avaient été choisis pour cette réunion tenue surtout pour les notables.


Ces élèves prenaient leur rôle très au sérieux. Il y en avait un surtout qui était très touchant. Cet adolescent était un peu plus grand que moi, devait avoir 14 ou 15 ans et semblait en admiration totale devant moi. Il a dépensé toutes ses pellicules à prendre des photos de ma personne et me suivait comme mon ombre.
Je garderai toujours un bon souvenir de tout ce qui m’est arrivé, c’était comme un rêve.

Mes gardes du corps

Au retour, Denis aussi semblait être satisfait. Il avait effectué un travail colossal auprès de ces enfants. Il en voyait les résultats avec un grand plaisir. Avec toute cette démonstration c’était une partie des résultats tangibles qui nous étaient présentés.


Cette réception bouclait la boucle sur près de dix mois de travail acharné. Cela venait de clore cette belle aventure d’une façon magistrale.

Rendus à l’appartement nous avons pris des photos de ce que je rapporterais dans mes bagages, j’aurais la preuve que je n’avais pas rêvé et que tout cela était bien arrivé de si merveilleuse façon..

Inclus dans le guide, Jérémy nous présentait le bouquet final, la fameuse Toure Eiffel

Gratitude à toutes ces personnes qui sont entrées dans ce tourbillon d’émotion, de travail et de persévérance, je crois que nous avons réalisé que lorsqu’on croit en son rêve, prêt à fournir les efforts et à faire confiance, tout est possible.